Les mines malgaches profitent de la conjoncture mondiale
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Du gaz au blé, en passant par le charbon, le coton ou l’huile de colza, les cours des matières premières sur les marchés mondiaux s’envolent depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. A Madagascar, si la population ressent l’impact du conflit principalement dans ses achats de céréales, le secteur minier malgache, semble, lui, tirer son épingle du jeu. Très affaiblies après deux années de covid, les entreprises extractives de l’île – qui contribuaient à plus du tiers de la valeur totale des exportations nationales - voient dans la hausse de la demande mondiale et dans les sanctions prononcées à l’égard de la Russie de belles opportunités, essentiellement en ce qui concerne la production de nickel.

De notre correspondante à Antananarivo,
D’après les experts du secteur, ce phénomène de hausse des cours observé depuis quelques mois sur la Grande Île, est principalement dû à une forte demande générée par le risque de pénurie potentielle au niveau de ces matières premières. Une hausse favorable pour le pays, explique Jean-Luc Marquetoux, président de la Chambre des mines de Madagascar : « La hausse des cours a eu globalement un impact favorable sur les entreprises malgaches qui extraient notamment du nickel et du titane. Ceci étant, il faut aussi prendre en compte que parallèlement, elles ont eu à subir une forme d’inflation au niveau de leur charge d’exploitation, pour ne parler principalement que des coûts logistiques. »
Le cours du titane a pris 54% depuis septembre 2021 ; +20% pour celui du nickel. Et cette embellie pourrait, d’après le spécialiste, se prolonger sur la durée. « Si l’on voit au-delà de la crise en Ukraine, les cours devraient rester soutenus à un horizon cinq ans, dix ans, principalement au niveau de toutes les substances qui sont liées à la transition énergétique, pour ne citer que le nickel, le cobalt, le lithium, le graphite, qui sont utilisés comme composants dans la fabrication des nouvelles générations de batteries et qui sont autant de substances qui sont aujourd’hui déjà produites à Madagascar ou objet de projets en phase d’exploration », explique-t-il.
Une bonne nouvelle pour le pays, dont les autres filières pourvoyeuses de devises, comme la vanille ou les produits halieutiques, traversent actuellement une période de turbulences. « Cet impact positif, on va le ressentir aussi bien au niveau de l’économie nationale, avec un renforcement des contributions du secteur minier à l’économie nationale, qu'au niveau de l’équilibre de ces sociétés qui aujourd’hui produisent et exportent déjà ces substances à de Madagascar », poursuit Jean-Luc Marquetoux.
Les opérateurs miniers sont en effet soumis à ce que l’on appelle des « ristournes et redevances » à taux fixe, calculées sur la valeur de leur production. Ainsi, si les ventes augmentent, les recettes fiscales pour l’État augmentent elles-aussi. D’après la Banque Mondiale, ce secteur pourrait donc devenir l’un des principaux contributeurs de la reprise économique du pays. Toutefois, le gel des permis miniers décrété depuis 2011, et qui d’après la société civile, a largement contribué à favoriser la corruption dans ce domaine, reste un énorme handicap pour ce secteur pourtant essentiel au pays.
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