Face à la «fast fashion», certaines usines tunisiennes font le choix du premium
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En Tunisie, le textile reprend des couleurs. Les exportations dépassent désormais leur niveau d’avant Covid : +22,1% par rapport au premier trimestre 2019, selon les chiffres officiels. Des résultats qui peuvent être encore améliorés selon les professionnels du secteur. Pour y parvenir, certains plaident pour que le pays se positionne clairement sur le secteur du textile « premium », loin de la « fast fashion » - cette mouvance qui consiste à produire des vêtements très vite. Une montée en gamme qui pourrait, selon eux, doper le secteur alors que la Tunisie traverse une crise économique aiguë. Amira Souilem s’est rendue dans une usine qui a fait ce choix-là, à une heure de la capitale Tunis.

Ici, le concert des machines ne s’arrête jamais. Les yeux rivés sur sa machine, Amira Béjaoui assure la touche finale. Coudre à la chaîne des logos sur des pullovers. « J’en couds 150 par heure des comme ça. » Et vous travaillez combien d’heures par jour ? « 8 heures et demi. Cela fait 26 ans que je travaille ici. J’ai 40 ans », dit-elle.
Comme elle, 1800 employés font tourner une usine qui a sorti près de 5 millions de pièces de ces ateliers l’an dernier. Leïla Mili gère la production chez Tunicotex : « Ce sont des vêtements que nous livrons à des clients comme Hugo Boss, Lacoste, the North Face, Tommy Hilfiger, Calvin Klein… Nous, on peut livrer l’Italie, l’Allemagne ou n’importe quel autre pays européen en quatre/cinq jours. C’est rien par rapport aux plus de trente jours de transport qu’il y aurait depuis un pays asiatique. Cette proximité fait que les Européens veulent produire plus près d’eux désormais », explique-t-elle.
Soucieux de réduire leur empreinte carbone - question d’image - de plus en plus de marques européennes font le choix de la Tunisie. Cette usine a décidé de s’adapter à ses nouveaux critères. Affairé autour d’énormes machines à laver, Mohamed-Ali Boudhafer, en charge de cette étape, est très fier de nous présenter son département : « Ce que tu vois là-bas c’est une station de recyclage des eaux. On ne jette plus les eaux usées. On les traite et on les réutilise. L’eau en ressort toute propre, comme si elle n’avait jamais été utilisée. »
En dix ans, la société dit avoir investi près de 20 millions d’euros dans de nouvelles technologies. Un choix gagnant qui lui a permis de décrocher de nouveaux contrats. Dernier en date : Moncler, une marque de luxe qui fait la fierté de Leïla. « Ça, c’est une veste avec des plumes à l’intérieur. Cela nécessite de pouvoir injecter des plumes avec des machines, on a donc dû investir dans des machines qui permettent cela. On a fait cet investissement, on a appris cette technologie que l’on ne connaissait pas. Le fait d’être flexible joue beaucoup dans la croissance et le développement ».
Ce repositionnement vers le « premium » c’est la volonté du directeur général, Haithem Bouagila. « Plusieurs entreprises se sont orientées vers ce secteur premium. Le résultat est là. Ces entreprises sont en train d’enregistrer des taux de croissance et des taux de rentabilité qui sont les plus élevés. L'avenir de la Tunisie, c'est le premium. C'est la qualité et le service », indique-t-il.
En montant en gamme, la société a dit avoir été en mesure d’augmenter les salaires de ses employés. 1 100 dinars bruts en moyenne – environ 330 euros – soit plus de deux fois le salaire minimal en Tunisie.
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