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Côte d'Ivoire: les importations illégales d'huile de palme raffinée menacent de nombreux emplois [1/2]

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En Côte d'Ivoire, cela fait plusieurs mois que des huiles de palme raffinées vendues à prix cassé inondent le marché. Des huiles importées illégalement d'Asie du Sud-Est, plus précisément de Malaisie, selon plusieurs sources. Leurs tarifs défient toute concurrence et les consommateurs ivoiriens se détournent de la production locale. Une situation qui déstabilise l'ensemble de la filière et menace de nombreux emplois, alors que le pays est le deuxième producteur d'huile de palme du continent.

Un ouvrier récolte des fruits de palme fraîchement coupés pour la fabrication d'huile de palme dans une plantation à Alame, près d'Abidjan.
Un ouvrier récolte des fruits de palme fraîchement coupés pour la fabrication d'huile de palme dans une plantation à Alame, près d'Abidjan. © Sia Kambou / AFP
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En Côte d'Ivoire, 1 litre d'huile de palme raffinée coûte entre 1 150 et 1 200 francs CFA. En dessous de ce prix, il y a de fortes chances qu'il s'agisse d'un produit frauduleux. Une concurrence déloyale, alerte Fougnigué Edmond Coulibaly. 

« Chaque part de marché gagnée par cette huile, c'est une part de marché en moins pour nos opérateurs locaux. Et je dois rappeler que ces mêmes opérateurs locaux ont fait des sacrifices pendant toute l'année 2021 et aussi l'année 2022, pour plafonner les prix de sortes à ne pas répercuter la hausse des cours mondiaux systématiquement sur le consommateur », insiste Fougnigué Edmond Coulibaly. « Donc, aujourd'hui, faire face à du “dumping” sur notre marché avec des produits qui viennent d'ailleurs et qui se retrouvent en train de faire de la concurrence déloyale à nos producteurs locaux, c'est même en difficulté effectivement l'équilibre économique de la filière. »

« Nous ne sommes plus compétitifs... »

D'après le Conseil hévéa-palmier à huile, au moins 900 tonnes d'huile de palme raffinée sont entrées illégalement sur le territoire ivoirien depuis janvier. Un vrai défi pour les acteurs de la filière, explique Henri César Sama Damalan, le président de l'Association interprofessionnelle de la filière palmier à huile (AIPH), également à la tête du Groupement des Industriels transformateurs d'huile de palme (GITH).

« Les coûts auxquels l'huile de palme raffinée venant d'Asie du Sud-Est arrivent en Afrique de l'Ouest, et principalement en Côte d'Ivoire, ce sont des coûts avec lesquels nous ne pouvons pas être en compétition. Pendant que nous, nous sortons notre bidon d'huile de 25 litres à 25 000 francs CFA sortie usine, nous recevons des huiles d'Asie du Sud-Est qui arrivent ici à 14 000 francs le bidon d'huile. Avec les taxes, ils sont obligés de le vendre à 20 000 francs. Mais nous ne sommes plus compétitifs. »

Près de 45 000 planteurs villageois ivoiriens

Aujourd'hui, les raffineurs ivoiriens peinent à écouler leurs stocks. Une situation qui affecte l'ensemble de la filière et menace de nombreux emplois, estime le professeur Salif Koné, doyen de l'UFR de Sciences économiques et sociales à l'Université Félix-Houphouët Boigny d'Abidjan. 

« À partir du moment où la vente d'huile de palme baisserait, le marché tendrait à s'assécher. Il y a une partie de la main d'œuvre qui va devenir superflue », pointe Salif Koné. « Donc, la rémunération de cette main d'œuvre, son utilisation, devient un coût supplémentaire qui ne se justifie plus. Et donc, ça va nécessairement affecter l'emploi, autant au niveau industriel que villageois. »

La Côte d'Ivoire compte aujourd'hui près de 45 000 planteurs villageois, couvrant une superficie de 220 000 à 300 000 hectares. Les plantations industrielles couvrent, quant à elles, 75 000 à 80 000 hectares. 

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