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L'énergie à tout prix [4/5] L’Afrique du Sud voudrait prolonger la durée de vie de ses centrales à charbon

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En pleine COP28, et alors que l’Afrique du Sud figure parmi les quinze plus gros émetteurs de gaz à effet de serre mondiaux, et constitue le premier du continent, ses centrales à charbon pourraient voir leur durée de vie être rallongée. C’est en tout cas la direction que souhaiterait prendre le parti au pouvoir, l’ANC, alors que le pays ne parvient pas à sortir de sa crise énergétique et doit continuer les délestages.

La centrale à charbon de Duvha, à Mpumalanga, en Afrique du Sud.
La centrale à charbon de Duvha, à Mpumalanga, en Afrique du Sud. © AP - Themba Hadebe
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Selon les plans de la compagnie publique Eskom, qui produit plus de 80% de son électricité à partir du charbon, six centrales devraient atteindre leur fin de vie et être arrêtées d'ici à 2030. Mais si c’est déjà le cas pour l’une d’entre elles, Komati, l’ANC souhaite désormais que le reste continue à fonctionner.

Cyril Ramaphosa a bien entendu le message, plus tôt dans l’année, lors d’un rassemblement du parti : « Alors que la fin des délestages est pour nous une priorité, le comité exécutif national soutient l’approche de revisiter notre programme de mise hors service, pour trouver un équilibre entre notre sécurité énergétique et nos engagements climatiques. Un certain nombre d’autres pays ont dû faire des choix similaires, lorsqu’ils ont eu à faire face à différentes crises de leur secteur énergétique. »

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L’exécutif entretient pour l’instant le flou autour du possible nouveau calendrier, et affirme être toujours engagé pour une transition, mais à son propre rythme. Car à moins d’un an des élections générales, l’objectif le plus urgent est de garder les lumières allumées. « Si nous repoussons ces arrêts de un à deux ans, nous ne pensons pas que ce soit vraiment un problème, car ça ne devrait pas fondamentalement changer notre trajectoire d’émissions. Mais si on parle d’une longue extension, dix ou quinze ans, là cela posera un problème, car nous ne pourrons pas respecter nos contributions déterminées au niveau national », explique le directeur de la Commission présidentielle sur le climat, Crispian Olver.

Des organisations de la société civile s’inquiètent de l’impact sur la qualité de l’air que ces délais pourraient avoir. Leanne Govindsamy, du Centre pour les droits environnementaux (CER), met aussi en garde contre les risques financiers : « Une partie des sommes promises, qui vient des Fonds d’investissement pour le climat, à hauteur de 500 millions de dollars, est rattachée au démantèlement. Si on repousse ce démantèlement, ces ressources sont en danger. Or, c’est ce genre de fonds, très concessionnels, qui peuvent aider à lancer la décarbonisation de notre secteur électrique, pour éviter, à l'avenir, que nos biens exportés ne se retrouvent taxés par le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières. »

La Banque mondiale rappelle pour sa part qu’« investir dans les nouvelles technologies, en particulier les énergies renouvelables, est la solution la moins chère et la plus rapide pour répondre aux besoins énergétiques de l’Afrique du Sud. »

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