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Trains africains: les «orphelins» de la ligne Abidjan-Ouaga

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Le train voyageur reliant Abidjan et Ouagadougou est à l’arrêt depuis maintenant quatre ans suite à la pandémie de Covid-19. En novembre dernier, la locomotive a repris du service, mais seulement côté burkinabè. Le voyage s’arrête à Bobo-Dioulasso. Seul le train de marchandises occupe les rails ivoiriens, une situation qui cause de nombreux désagréments.

L'un des deux trains mixtes quotidiens de marchandises quittant Bobo-Dioulasso, au Burkina Faso, à destination d'Abidjan, le 21 mai 2006
L'un des deux trains mixtes quotidiens de marchandises quittant Bobo-Dioulasso, au Burkina Faso, à destination d'Abidjan, le 21 mai 2006 © J.W.H. van der Waal / Creative Commons Wikimedia 3.0
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« On s’en sort bien dans le train. C’est comme notre champ. On a trouvé nos papas, nos grands-parents dans ce secteur ». À son arrivée en Côte d’Ivoire il y a près d’une vingtaine d’années, Agaly Adama a exercé en tant que contractuel à la gare de train de Treichville. Assister les voyageurs, emballer et peser leurs bagages était son quotidien. Une activité à laquelle il a consacré une bonne partie de sa vie et qui l’aidait à subvenir à ses besoins. « Par semaine, on peut avoir 20 000, 30 000 voir 35 000 FCFA. Ça dépend de l’intensité de nos activités. Si on a emballé beaucoup de colis, on gagne plus. Si on a emballé moins de colis, on gagne moins. Souvent, lorsqu’on aide un voyageur, il nous récompense. Cela n’a rien avoir avec ce que la société nous donne ».

Perte d’emploi

Suite à la suspension, il y a quatre ans, du « train voyageurs » entre Abidjan et Ouagadougou, Adama et plusieurs de ses camarades ont perdu leur emploi. C’est le cas pour Amidou Kassi qui, depuis lors, enchaîne les petits boulots. Aujourd’hui, il travaille dans une gare routière à Treichville. Mais il est loin d’atteindre ses revenus habituels. Amidou appelle de tous ses vœux à la reprise du train voyageur : « Il y a d’autres personnes qui sont là jusqu’à présent qui ne font rien. Mais nous, on a décidé de venir faire autre chose ici. Grâce à cela, on gagne notre vie. Ce n’est pas la même chose, mais ça va un peu quand même. Toute la famille travail lorsque le train est là. Nous souhaitons que le train soit en marche ».

Aucune reprise annoncée

Les usagers sont aussi impactés par l’arrêt de la locomotive. Même si le coût du transport est légèrement supérieur à celui des autocars, Ibrahim Boubaz, préfère voyager en train. Mais depuis l’arrêt, ce commerçant a du mal à suivre l’acheminement de sa marchandise. « Le colis va d'un côté et toi de l’autre. Souvent, tu arrives à Ouaga et tu attends ton colis pendant un, voire deux mois avant que ça arrive, explique-t-il, il y a même des colis qui se perdent parfois. Ce qui n’était pas le cas avant. Quand tu voyages avec tes colis, dès que tu descends, tu passes à l’arrière pour les récupérer ».

Aucune date n’est pour l’heure annoncée pour la reprise du train voyageur. Interrogé sur le sujet, le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, a annoncé que les discussions se poursuivent entre les parties ivoiriennes et burkinabé afin de trouver une solution.

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