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Côte d'Ivoire: la filière hévéa à Paris en quête de réhabilitation

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Au Salon de l'agriculture de Paris, la filière hévéa de Côte d'Ivoire est venue annoncer le lancement d'un processus de labellisation du caoutchouc. Une façon de répondre aux nouvelles exigences fixées par les Européens en matière de lutte contre la déforestation.

Un producteur d'hévéa retire la sève de l'arbre, dans sa plantation située dans village de Memni, dans la sous-préfecture d'Alepe en Côte d'Ivoire.
Un producteur d'hévéa retire la sève de l'arbre, dans sa plantation située dans village de Memni, dans la sous-préfecture d'Alepe en Côte d'Ivoire. ©Sia KAMBOU/AFP
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Invité de marque au Salon international de l'agriculture de Paris, la Côte d'Ivoire fait le show. Au-delà de la promotion de l'agriculture ivoirienne, les responsables de la filière hévéa sont aussi venus plaider leur cause face aux nouvelles directives européennes dans le domaine de la déforestation. Un processus de labellisation du caoutchouc ivoirien vient d'être lancé. Edmond Coulibaly est le directeur général du Conseil hévéa-palmier à huile, l'organe de régulation du secteur. Pour lui, « c'est à la fois garantir au consommateur que la production ivoirienne est de qualité, et également que c'est une production durable ». 

Depuis décembre dernier, les Européens exigent pour un certain nombre de produits entrant dans l'Union, dont le caoutchouc, de prouver qu'ils ne sont pas issus de forêts dégradées ou détruites après décembre 2020. Une disposition en cours d'adoption et qui selon Edmond Coulibaly ne correspond pas aux réalités de la culture de l'hévéa.

« La production ivoirienne ne se fait pas au détriment de la forêt », assure-t-il. « Et quand bien même, pour nous, une plantation d'hévéa en réalité, c'est une forêt. Si vous prenez une forêt de pins ici [en France, NDLR], vous vous rendrez compte que si vous remplacez le pin par des hévéas, vous aurez exactement la même forêt. On veut donc dire au monde entier, au consommateur européen, au consommateur asiatique que notre production, non seulement est de qualité, mais en plus qu'elle se fait dans des normes de durabilité qui participent à l'effort global pour limiter le réchauffement climatique. »

Le ministre ivoirien de l'Agriculture, Kobenan Kouassi Adjoumani est encore plus direct envers les responsables européens.  « Quand on demande aux producteurs de montrer la provenance de leurs produits sous le prétexte que si ce n'est pas fait, ils vont être sanctionnés, ce n'est pas normal », déclare le ministre. « L'hévéa ne doit pas faire partie de ces produits-là. Contrairement à ce qui est dit, l'hévéa est un arbre utile, parce que cela fait appel à la pluie. Les zones où nous avons le plus planté d'hévéa sont des zones où il pleut beaucoup », ajoute Kobenan Kouassi Adjoumani.

Le PDG de l'Apromac, l'organe qui regroupe les professionnels du secteur, va même plus loin. « Nous voulons que les députés et que tout le monde nous entendent, l'hévéa est un outil qui peut être utilisé pour reforester. C'est très positif », souligne-t-il. 

La Côte d'Ivoire est l'une des premières puissances agricoles en Afrique. Caoutchouc, cacao, anacarde ou encore ananas et bananes font vivre des millions de personnes. Autant dire que le plaidoyer envers l'Union européenne ne fait que commencer. 

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