Ouganda/Tanzanie: Lionel Zinsou va évaluer la politique foncière de TotalEnergies
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Après avoir confié une mission à Jean-Christophe Ruffin dans le Cabo Delgado où se trouve un grand projet gazier, cette fois c’est Lionel Zinsou qui s'est vu missionné par TotalEnergies jeudi 4 janvier. L’ancien Premier ministre béninois, co-président de la Banque d'investissement panafricaine Southbridge a accepté d’évaluer le programme d’acquisitions foncières de la major dans le projet Tilenga/EACOP. Compensations insuffisantes, évictions forcées, pressions et menaces. Un projet très controversé, de nombreuses critiques ont été faites durant les procédures d’acquisitions foncières.

Lionel Zinsou revendique une vingtaine d’années d’expérience sur les thématiques de développement. Il mènera cette mission en toute indépendance, affirme-t-il.
« Je vais voir seul, sans censure aucune tous les gens qui voudront bien me parler. Et il s'agit des autorités publiques, nationales et locales, parce que ça se passe énormément du côté des attentes sociales », explique Lionel Zinsou. « Il y a des sujets de gouvernance locale qui sont très importants. Et évidemment les gens qui ont formulé, documenté des critiques très vives. Et essayer d'être utile à l'ensemble de ces parties prenantes. Parce qu'il faut aller de l'avant. Ce sont des projets qui ont un impact social très important et un impact environnemental très important. L'idée est de faire le diagnostic et de faire les recommandations au service du développement. »
Projet controversé
Un projet Tilenga/EACOP très controversé. En juin dernier, une nouvelle action devant la justice française a été lancée à Paris. Objectif : demander réparation à TotalEnergies pour les préjudices estimés et liés notamment aux questions foncières. Parmi les plaignants, l’ONG Les amis de la Terre.
« Selon nous, cette mission d'évaluation commanditée par Total a clairement pour objectif de répondre à nos accusations en justice et donc je suppose, d'être versé au dossier judiciaire », affirme Juliette Renaud, responsable de campagne pour l'ONG Les amis de la Terre. « On s'attend soit à ce que le rapport soit peu critique, c'est quand même le plus souvent le ton des rapports qui sont commandités par total et qui visent surtout à rassurer et finalement à blanchir leur image face aux enquêtes multiples qui dénoncent les violations qui ont lieu dans ces processus d'expropriation. Mais c'est vrai que même lorsqu'il y avait certaines critiques dans ces rapports, on est sceptiques sur le fait que Total agisse. »
« On ne peut pas avoir un développement prédateur »
Lionel Zinsou s’attend aux critiques, mais pour lui cette évaluation est une opportunité positive qui dépasse le cadre-même du cas ougando-tanzanien.
« C’est pour ça que moi, je n'ai pas hésité à dire bon, si on peut faire quelque chose d'utile sur un projet très emblématique, le deuxième plus gros investissement en Afrique », souligne-t-il. « Est-ce qu'il a les retombées et les impacts qu'il doit avoir, ou est-ce qu'il n'a que des impacts négatifs et beaucoup de frustration ? On ne peut pas avoir un développement prédateur. Il faut absolument qu’il y ait du contenu social et environnemental quoi que l’on fasse. Et que l’on respecte les droits humains. Il y a beaucoup d'attentes, ça je le sais, et donc je vais essayer d'être le porte-parole de quelque chose qui est quand même un peu un nouveau modèle africain dans la façon dont l'Afrique demande à se développer avec ses ressources et non pas simplement d'être un producteur un peu exposé à des prédateurs. »
TotalEnergies attend la remise du rapport d’ici le mois d’avril.
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