Catherine MacGregor, directrice générale d’Engie

Catherine MacGregor est directrice générale d’Engie depuis le 1er janvier dernier. Le numéro un du gaz en Europe, ex GDF-Suez, va investir jusqu’à 16 milliards d’euros entre 2021 et 2023 pour accélérer sa transition vers les énergies renouvelables. Une mission que Catherine MacGregor doit mener à bien. 

Catherine MacGregor, à Paris, le 3 décembre 2020. © AFP - Joel Saget

Née au Maroc, de parents d’origine corse et basque, tous deux professeurs, Catherine MacGregor succède à Isabelle Kocher à la direction générale d’Engie en pleine crise de gouvernance. Contrairement à ses prédécesseurs, elle n’est pas diplômée de Polytechnique ou des Mines. Elle n’est pas passée non plus par un cabinet ministériel. C’est une scientifique qui a fait l’essentiel de sa carrière dans le secteur parapétrolier.

Catherine MacGregor se présentait ainsi lors de son grand oral virtuel au Sénat, le 3 mars dernier : « Je suis ingénieur de formation, j’ai fait mes études à l’école Centrale Paris, maintenant Centrale Supélec. Puis j’ai consacré 23 ans de ma carrière au monde de l’énergie dans le secteur privé, d’abord chez Schlumberger, puis plus récemment chez TechnipFMC où j’ai effectué notamment la préfiguration de l’entité centrée sur l’ingénierie. Technip Energie qui vient d’être récemment introduite en bourse. Au cours de ce dernier projet, j’avais vraiment placé la transition énergétique au cœur de cette nouvelle entité. De ces expériences, je garde deux choses : d’abord une vraie passion pour le monde de l’énergie et puis une forte conviction qu’il doit effectivement effectuer sa mue.», expliquait-elle.

À 48 ans, cette mère de deux grandes filles, est reconnue pour son humilité, mais aussi sa poigne. Un ancien collègue la qualifie de « grande patronne », qui n’a pas « d’angle mort », c’est-à-dire qui est compétente sur de nombreux fronts.

Patrick Corbin, président de l’Association française du gaz, raconte : « Je l’ai rencontrée une fois en visio pour présenter les travaux de l’Association française du gaz. J’ai bien apprécié sa capacité d’écoute et son esprit vif. Et également son analyse assez fine - après seulement un mois aux commandes - de la situation du gaz en France et des enjeux pour Engie au travers du gaz. »

Atteindre zéro carbone à l’horizon 2045 implique des transformations à court terme pour le numéro un de l’éolien et du solaire en France. Catherine MacGregor doit donc « simplifier », dit-elle, l’organigramme tentaculaire du groupe autour de quatre grands métiers au lieu d’une vingtaine actuellement. Ce sont les métiers du gaz et de l’électricité, les énergies renouvelables et les infrastructures. Son expérience du secteur industriel va l’y aider.

« C’est clair qu’elle était dans un monde de projets, puis dans un monde extrêmement concurrentiel, celui du pétrole, poursuit Patrick Corbin. Là, elle va devoir conduire des projets de développement de renouvelables. Et pour se faire, Engie dispose de trois atouts : d’abord d’avoir un portefeuille d’énergies renouvelables conséquent, avec notamment de l’hydraulique. Ensuite des compétences humaines pour développer de tels projets et enfin l’argent. C’est important d’avoir de l’argent pour développer ces projets dans une compétition qui sera forte entre tous les acteurs, comme Total, EDF, mais aussi Enel et Iberdrola. C’est la compétition mondiale et je pense que son passé industriel est un vrai atout. » 

La nouvelle directrice générale d'Engie doit aussi organiser la scission des activités jugées non stratégiques. C’est le plan Bright, une entité dédiée aux Services, nouvellement baptisée Equans. Elle emploie 74 000 personnes, soit un peu moins de la moitié des effectifs du groupe. L’expérience de Catherine MacGregor à la direction des ressources humaines de Schlumberger s’avérera utile pour piloter ce projet. Mais, souligne un responsable syndical, la patronne d’Engie pourrait être « assez vite happée par les sujets qui fâchent ».