Sheryl Sandberg: la star féminine de Facebook s’en va

C'est une star de la tech américaine. Sheryl Sandberg, numéro 2 de Meta, l'ancien Facebook a annoncé sa démission ce mercredi après 14 années de service et diverses responsabilités au sein du géant de la Silicon Valley.

Sheryl Sandberg, numéro 2 de Meta, vient de démissionner. GETTY/AFP/File

Elle va manquer à Mark Zuckerberg qui l'écrit dans son message d'au revoir. Le grand patron de Meta était très proche de Sheryl Sandberg.

Dès son arrivée en 2008, il lui confie des tâches essentielles et notamment le développement de l'activité publicitaire de Facebook. C'est elle qui invente la façon de faire de l'argent sur le réseau social. 

« Elle a tout simplement amené Facebook à devenir rentable. Elle a réussi, grâce à son expérience précédente chez Google, à monétiser la communauté, l'audience de Facebook. Elle a introduit toutes les publicités ciblées que l'on voit, qui évidemment contribuent à la rentabilité de Facebook, ce qui a permis après de racheter des concurrents qui pouvaient eux-mêmes menacer Facebook » explique Jean de Chambure, consultant en stratégie numérique au cabinet JDC Advisory.

Sheryl Sandberg supervise également les activités de communication et d’affaires publiques. Véritable bras droit de Zuckerberg, elle amène Facebook au sommet. Entre son arrivée et son départ, le réseau social est passé de 100 millions à 3 milliards et demi d'utilisateurs.

Un « féminisme d’entreprise »

Femme influente puis femme inspirante, elle devient un symbole de réussite aux yeux de nombreuses Américaines. Sheryl Sandberg publie Impliquez vous, son premier livre, en 2013 où elle incite les femmes « à se bouger » pour réussir à concilier vie de famille et carrière professionnelle. « Message numéro 1 : asseyez-vous à la table ! Il y a peu de temps, chez Facebook nous avons reçu un membre du gouvernement. Il y avait avec lui deux femmes qui ont d'ailleurs des fonctions importantes dans son ministère. Je leur ai dit " Allez, asseyez-vous à la table " et elles se sont assises sur le côté de la salle. Si vous demandez aux hommes pourquoi ils font du bon travail, ils vous répondront : parce que je suis génial, les femmes vous diront que quelqu'un les a bien aidées, qu'elles ont eu de la chance et qu'elles ont travaillé dur. On n'obtient pas de promotion si on ne croit pas que l'on mérite nos succès », l'entend-t-on.  

Un « féminisme d'entreprise » loin d'être épargné par les critiques, mais qui la propulse un peu plus sur le devant de la scène. Elle devient une star de la Silicon Valley. Une force de résilience aussi, lorsque son mari décède brutalement après une mauvaise chute en 2015, elle émeut toute l'Amérique. 

Critiquée lors de l’affaire Cambridge Analytica

Son parcours chez Facebook ne connaît pas que des succès. Elle est le premier rempart de Mark Zuckerberg quand explosent différents scandales et polémiques. Notamment l'affaire Cambridge Analytica en 2018 dans laquelle des millions de profils Facebook d’Américains sont récupérés par un prestataire de la campagne numérique de Donald Trump.

« Elle a été aux manettes, elle a tenu le navire Facebook et elle a protégé Mark Zuckerberg. Ce qu'elle a protégé, c'est aussi tout ce qu'elle avait construit. Le modèle publicitaire de Facebook lui revient, mais dès lors qu'il y a eu le scandale de Cambridge Analytica, c'est aussi sa propre façon d'avoir architecturé toute cette monétisation du réseau social qui a pu être être remise en cause », rajoute Jean de Chambure.

Depuis cet épisode, l'étoile de Sheryl Sandberg a perdu petit à petit de sa splendeur. Son départ intervient alors que Meta n'est pas au mieux, alors que le virage vers la réalité virtuelle reste flou. C'est ce qui peut expliquer sa démission selon Jean De Chambure : « Est-ce que ça signifie qu'elle ne croit pas forcément à la monétisation du métavers ? Très certainement, Facebook et Meta ont besoin d'un second souffle pour développer leur stratégie dans ce domaine, qui pour l'instant est passionnant, mais un peu vierge. On ne peut pas miser tout de suite une stratégie publicitaire, puisque l'audience n'est pas encore là. » 

Sa démission n'a pas surpris la Silicon Valley. Elle sera remplacée par Javier Olivan, un Espagnol de 44 ans, jusqu'alors responsable de la croissance internationale du groupe.