Alexeï Miller, le très discret patron de Gazprom
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On s'intéresse aujourd'hui au patron d'une entreprise dont on a beaucoup parlé cette semaine, Gazprom. Le géant russe a une nouvelle fois réduit ce mercredi ses approvisionnements en gaz à destination de l'Europe. À la tête de ce mastodonte dont plus de la moitié du capital est détenu par l'État russe, Alexeï Miller, un proche de Vladimir Poutine mais aussi un homme plutôt discret.
La dernière sortie de l'homme d'affaires de soixante ans devant les caméras du Forum économique de Saint-Pétersbourg a pourtant été très remarquée le mois dernier. « Il y a désormais un changement de paradigme. Ce n'est plus la monnaie qui décide de la marchandise qui est vendue. C'est la marchandise, le gaz et donc le nôtre qui décide. Nos biens. Nos règles. Nous ne jouons pas à des règles du jeu que nous n'avons pas inventées. »
Une menace à peine voilée sur les approvisionnements en gaz vers l'Europe, désormais mise à exécution. Ce n'est pas la première fois que Gazprom utilise le gaz comme arme économique. L'Ukraine en a déjà fait les frais à quatre reprises par le passé. Alexeï Miller dirige ce géant de l'énergie, l'une des plus grandes entreprises russes avec 450 000 salariés, depuis 2001, soit plus de 21 ans. Chaque année, il est réélu à la tête du conseil d'administration du groupe.
Une ascension due à son amitié avec Vladimir Poutine
Après avoir obtenu un doctorat en économie et finance, il rencontre Vladimir Poutine à la mairie de Saint-Pétersbourg. Miller a alors 28 ans, Poutine dix ans de plus... Les deux hommes gravissent ensemble les échelons du pouvoir. Poutine Premier ministre, Miller est promu directeur général d'une compagnie de transport de pétrole, la Baltic Pipeline System. Et quand Poutine est élu président de la Fédération de Russie en 1999, Miller est nommé vice-ministre de l’Énergie. Dix mois plus tard, le chef du Kremlin le fait élire à la tête de Gazprom. L'objectif à l'époque était d'y remettre de l'ordre grâce à l'un de ses fidèles amis, explique Didier Julienne, expert en ressources naturelles.
« Gazprom du temps de l'Union soviétique avait le monopole. Au cours de l'ère Eltsine, sa position s'est considérablement effritée. Ses actifs se sont retrouvés dans les mains de personnes privées. Une fois que Miller est arrivé, il a récupéré bon nombre d'actifs sortis de son giron, il a développé Gazprom en augmentant les réserves de la société mais également en augmentant son empreinte marketing en distribuant directement son gaz à des clients, c'est l'Allemagne. En innovant, en ayant de nouveaux oléoducs, c'est le sud de l'Europe, et en développant de nouveaux clients à l'est avec la Chine. » En 2021, Gazprom enregistre un bénéfice de 28 milliards d'euros. Miller remplit donc scrupuleusement sa mission.
Le Kremlin accusé de redistribuer les bénéfices aux collaborateurs de Vladimir Poutine
À commencer par Alexeï Miller lui-même, c'est ce que révèle l'enquête menée par l'équipe du chef de l'opposition russe Alexeï Navalny et le média indépendant Proekt. Le journaliste russe Roman Badanine a participé à l'investigation qui dénonce ce système de corruption : « Miller est un homme vraiment très riche qui a obtenu sa richesse par le biais de Gazprom. Il a volé les actifs de la compagnie. Il a par exemple construit des palais luxueux pour lui, pour sa famille, et tous ses hommes de confiance. Poutine possède une partie de sa richesse grâce à Alexeï Miller. Alexeï Miller est un pantin Poutine ».
Cet oligarque ne figure pas sur la liste des quelques 1 100 personnalités visées par les sanctions européennes pour leur rôle dans la guerre en Ukraine. Certainement pour ne pas entraver les approvisionnements en gaz russe.
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