Yvon Chouinard, entrepreneur, humaniste et protecteur de l'environnement
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Parmi les personnalités qui ont marqué cette année, Yvon Chouinard, le patron emblématique de Patagonia, la marque américaine de vêtements de sports. Le dirigeant âgé de 83 ans a annoncé faire don de son entreprise à la planète. Si la nouvelle a fait la Une de l'actualité il y a quelques mois, elle n'en cache pas moins un parcours atypique pour ce patron aux valeurs humanistes qui a dédié sa vie à la protection de l'environnement et qui a inspiré de nombreuses générations d'entrepreneurs.

« Au cas où vous n'auriez pas remarqué, ça va de plus en plus mal pour la planète. Et c'est facile de se laisser aller à la déprime. J'ai toujours su que pour ne pas sombrer, il fallait passer à l'action », raconte Yvon Chouinard.
C'est l'histoire d'un aventurier, passionné pour les sports extrêmes, militant de la première heure pour la protection de l’environnement, devenu entrepreneur malgré lui. Yvon Chouinard, le fondateur de Patagonia est d’origine Franco-Québécoise, il déménage à l'âge de 8 ans avec sa famille du Québec vers la Californie, où il se découvre une passion pour l'escalade.
Yvon Chouinard : « Je n'ai jamais voulu être un homme d'affaires, j'étais un artisan et un grimpeur. Nous étions dans une forme de contre-culture et nous ne respections pas ce monde du business, c'était l'ennemi pour nous. Mais un jour, bien plus tard, je me suis réveillé un matin en me disant, "oh mon Dieu, je suis un homme d'affaires !" Et, c'est là que je me suis dit, "je ferais mieux de savoir ce que je fais". Et, j'ai essayé de créer une entreprise où moi et mon équipe on aurait envie de travailler, et c'est ce qu'on a fait ! ».
« Un monsieur qui ne ressemble pas du tout à un businessman »
Isabelle Susini, directrice France du fonds de dotation 1% pour la planète, ancienne responsable RSE chez Patagonia Europe, raconte : « J’ai eu cette chance de rencontrer un monsieur qui ne ressemble pas du tout à un businessman mais qui était fondamentalement sympathique, qui respire la bonhomie et la sincérité. Au départ, il admet que c’est un grimpeur, il commence à créer lui-même les pitons, à les fabriquer. Il achète une forge, il emprunte, de mémoire, 800 dollars à ses parents. Du coup, il crée sa société comme ça. Afin d’utiliser ses pitons, ce martellement répété provoquait des trous dans les fissures. En tant que grimpeur puriste, il ne voulait pas que son espace de jeu soit dénaturé. Il avait complètement décidé de sortir du marché des pitons tel qu’il les faisait, et de basculer sur des mécanismes amovibles. Et c’était un de ses premiers engagements environnementaux décisifs. Déjà à l’époque, il y avait le souhait de reverser 1% du chiffre d’affaires à des associations environnementales ».
Patagonia est créé dans les années 70 après un voyage en Argentine. De 1985 à 1990, le chiffre d’affaires bondi de 20 à 100 millions de dollars par an ! Très vite, Yvon Chouinard innove, il fabrique une laine polaire avec une fibre issue du recyclage de bouteilles de soda. Et en 1996, il décide de basculer toute sa production en coton bio.
En 2001, l’association 1% pour la Planète est créée, dont le chef d'entreprise de Léa Nature, Charles Kloboukoff, fut le directeur pour la France : « Il y a une forme de désintéressement. Évidemment qu’on essaie tous, les uns les autres, de faire notre métier le mieux possible. Mais en tout cas, de pouvoir avoir ce détachement qui permet de placer l’entreprise comme un outil de transformation au service des causes auxquelles on croit, il y a quand même une démarche un peu humaniste derrière tout ça. »
Ce précurseur de l'écologie industrielle vient donc de céder la totalité de ses actions à un trust qui percevra les dividendes annuels du groupe pour les investir dans des causes environnementales. Un testament destiné à donner un autre sens au monde entrepreneurial.
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