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Brésil: Un Franco-Brésilien proche de Lula à la tête de Petrobras

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Jean-Paul Prates est un nouvel homme clé pour le gouvernement de Lula au Brésil. Ce proche du nouveau président, Franco-Brésilien de son état, vient d'être nommé président de Petrobras, la compagnie pétrolière publique du Brésil.

Jean-Paul Prates, nommé nouveau PDG de la compagnie pétrolière d'État brésilienne Petrobras, prend la parole lors d'une conférence de presse au bâtiment du gouvernement de transition à Brasilia, au Brésil, le 8 décembre 2022.
Jean-Paul Prates, nommé nouveau PDG de la compagnie pétrolière d'État brésilienne Petrobras, prend la parole lors d'une conférence de presse au bâtiment du gouvernement de transition à Brasilia, au Brésil, le 8 décembre 2022. REUTERS - ADRIANO MACHADO
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Petrobras est considéré pour beaucoup comme le joyau de l'État brésilien. La production atteint les plus de trois millions de barils par jour, des bénéfices record l'année dernière. Jair Bolsonaro voulait privatiser la compagnie. Hors de question pour Lula, qui place à la présidence de Petrobras un de ses hommes de main.

Sénateur du Parti travailliste depuis 2019, Jean-Paul Prates se dit prêt à assumer sa nouvelle tâche. « La politique des carburants est une question qui relève du gouvernement, expliquait-il lors de sa nomination début janvier, nous devons tirer parti de l'autosuffisance du Brésil en matière de pétrole et de la quasi-autosuffisance que nous avons en matière de capacité de raffinage. Il faut qu'il y ait un avantage compétitif pour l'économie et les citoyens. En même temps, rémunérer l'investissement dans ces activités est également un défi. »

Objectif baisse des prix

Des défis, Jean-Paul Prates en aura plus d'un. Il assure vouloir rendre à Petrobras sa grandeur d'autrefois. Mais président de la compagnie pétrolière est un poste à risque. Jair Bolsonaro en a changé trois fois lors de son mandat. Tous jugés incapables d'enrayer la hausse du prix des carburants.

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« C'est un poste évidemment compliqué. C'est certain que Petrobras est une société extraordinairement importante au Brésil, et évidemment le président de Petrobras joue un rôle extrêmement important, explique Jean-Pierre Favennec, spécialiste des énergies, en particulier du pétrole et du gaz. C'est lui qui prend les grandes décisions. Il y a eu des problèmes de corruption au Brésil et Petrobras était impliqué dans un de ces scandales. Donc, il y a eu pas mal de changements. Mais maintenant, la compagnie repart sur de bonnes bases. Il y a des gisements à mettre en production, il y a toujours le besoin de pétrole. Donc, la position de Petrobras est importante. C'est une société clé pour le Brésil. »

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La feuille de route de Jean-Paul Prates à la tête de Petrobras sera donc de réduire les prix des carburants. Il faut « brésilianiser le carburant ». C'est ce que scandait Lula pendant la campagne électorale. Désormais, il faut mettre cela en œuvre. Pour Jean-Paul Prates, le prix de l’essence à la pompe doit être dissocié des tarifs mondiaux : « Nous n'allons pas créer une économie parallèle au Brésil. Mais il va falloir arrêter de comparer les prix du carburant sortant de nos raffineries avec celui venant du bout du monde. La raffinerie se trouvant à côté est tout à fait capable de produire à un coût moindre, avec une marge très confortable. Ce n'est pas du dumping. Si je peux vendre moins cher, parce que je suis proche du consommateur final, pourquoi m'interdiriez-vous de le faire », disait-il lors d’une récente conférence de presse.

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Un homme de gauche amoureux de la France

Changer en profondeur la politique tarifaire semble très difficile pour certains analystes. Mais Prates, très proche des milieux pétroliers, également conseiller énergie de Lula, peut être la courroie de transmission idéale. L’homme est avant tout un expert pétrolier, travaillant d’ailleurs de nombreuses années à Petrobras avant de se lancer pleinement en politique. Il est vu comme un modéré au sein du Parti travailliste de Lula, et il est le premier sénateur franco-brésilien de l'histoire de la République brésilienne. Sa mère avait fui la France pendant la Deuxième Guerre mondiale et c’est près de Paris que Jean-Paul Prates a fait une partie de ses études. « Il est passé par ce qu'on appelait, à l'époque, "L'École du pétrole et des moteurs" qui, maintenant, s'appelle IFP School, raconte Jean-Pierre Favennec, alors un de ses professeurs au début des années 1990. C'était déjà, à l'époque, un garçon tout à fait remarquable. Il a eu un parcours brillant et c'est un homme de grande qualité. »

C’est également un homme de gauche. Au Brésil comme en France où il avait voté en 1988, glissant dans l'urne un bulletin François Mitterrand.

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