Sommet Afrique-France: rupture ou changement dans la continuité?
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Le Sommet qui s’ouvre ce vendredi 8 octobre 2021 à Montpellier, dans le sud de la France, est présenté comme l’occasion de réinventer la relation entre l’Afrique et la France. Depuis l’inauguration de ces rencontres en novembre 1973, c’est la première fois qu’un sommet est organisé sans aucun chef d’État du continent.

C’est une rupture radicale en termes d’image. Le président français Macron aura en face de lui des entrepreneurs, des intellectuels, des chercheurs, des artistes, des sportifs, des créateurs, des influenceurs et les acteurs de la nouvelle économie portée par le numérique. L’idée est d’écouter la jeunesse africaine et de créer un nouvel espace de dialogue, censé redéfinir les fondamentaux de la relation entre le continent africain et la France. Là où les coopérations bilatérale et multilatérales ont montré leurs limites à impulser le développement en Afrique, Emmanuel Macron veut être précurseur d’une nouvelle donne en impliquant directement les opérateurs économiques de tout le continent, en relation avec les opérateurs français. Car le chef de l’État ne perd pas de vue les intérêts de son pays.
Une rupture synonyme de changement dans la continuité sur le fonds
En l’absence de chefs d’État et de gouvernement, le sommet Afrique-France de Montpellier va aussi réunir des acteurs institutionnels, dont le travail est d’élaborer des partenariats internationaux à long terme. Par le biais de l’Agence française de développement (AFD), Paris va donc présenter l’expertise qu’elle déploie en Afrique. Sachant que les projets que finance l’AFD portent aussi le sceau des gouvernements des pays concernés, ainsi que l’approbation, souvent, des institutions nationales et européennes et à la marge, du secteur privé et de la société civile.
En difficulté sur le continent, la société civile a réussi à faire bouger les lignes
Alors qu’elle a souvent du mal à peser localement en Afrique, la société civile du continent a peut-être influencé le président français. Avec aujourd’hui les réseaux sociaux comme amplificateur – on se souvient du billet de 5000 francs CFA brûlé en public à Dakar en août 2017 – l’appel de la société civile a conduit beaucoup plus tôt que prévu Paris à accepter la réforme de cette monnaie pour huit pays d’Afrique de l’Ouest. Mais cette réforme n’est pas une coupure totale du lien entre l’euro et le franc CFA, baptisé éco, la parité entre les deux monnaies restant fixe. Ce régime qui garantit une stabilité monétaire et qui ne reflète pas le poids réel de l’économie de la zone, est plus pratique pour les entreprises françaises et européennes qui font des affaires dans cette partie de l’Afrique de l’Ouest. Or, la jeunesse africaine réclame une coupure totale du lien entre l’euro et le franc CFA. Et la réforme annoncée a au passage fragilisé les initiatives en cours pour la création de l’éco, la future monnaie commune ouest-africaine.
Accueil mitigé de la nouvelle formule en Afrique
Les dirigeants africains ont pris acte de la décision de changer la formule, ils ont de toute façon d’autres canaux pour faire passer les messages à Paris. Mais l’opinion africaine est partagée. En fait, Emmanuel Macron essaye de trouver le moyen de ne pas laisser la France se faire distancer par les pays émergents sur un continent plein de potentialités, depuis que – exemple parmi tant d’autres – les sommets Chine-Afrique sont devenus réguliers.
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