Les investisseurs étrangers font-ils encore confiance à la Chine ? Depuis le mois de mars ils se délestent massivement de leurs titres chinois.

17 milliards de dollars investis dans des obligations ou des actions chinoises ont été vendus en mars par des fonds étrangers. Ces reflux intriguent les analystes. D’abord parce qu’ils sont imposants, ensuite parce qu'ils rompent avec la dynamique de hausse des investissements étrangers à l’œuvre depuis plusieurs années. Enfin parce que l’hémorragie continue en avril, même si les montants des sorties de capitaux étrangers de ces derniers jours sont nettement inférieurs. La première explication doit beaucoup à la géopolitique : avec la guerre russe en Ukraine et le soutien de Xi Jinping à Vladimir Poutine, les fonds étrangers préfèrent anticiper avant de subir les contrecoups d'éventuelles sanctions contre la Chine. Car Pékin pourrait endurer des sanctions financières si elle venait à livrer ouvertement des armes à la Russie par exemple.
Les investisseurs prennent conscience de la montée des risques dans la région
Il n’y a pas que le conflit en Ukraine qui les préoccupe. L’hypothèse d’une guerre de la Chine contre Taiwan, hypothèse qu’ils ont ignorée jusqu’à maintenant, les pousse à revoir leur portefeuille et à délaisser un marché perçu soudainement comme périlleux. Cette fuite des capitaux intervient aussi au moment où la Chine fait face à un regain de Covid. Les confinements de Shangaï et d’une quarantaine d'autres grandes villes, les scènes de chaos observées aux quatre coins du pays font craindre une récession. Et puis la façon dont le régime combat la pandémie en maintenant la politique du zéro-Covid interpelle les investisseurs. Cette gestion autoritaire rappelle la reprise en main brutale du secteur de la tech chinoise en 2021. Une gouvernance finalement assez insécurisante pour les investisseurs étrangers.
Il y a un désamour entre la Chine et les investisseurs étrangers ?
Certains analystes sont convaincus qu’il y a bien un changement de pied. D’autres au contraire relativisent. Des sorties de capitaux étrangers du même ordre ont eu lieu après le krach chinois de l'été 2015 et en 2020, au début du Covid. Ces reflux ont été passagers, très rapidement effacés par de nouvelles vagues d’investissement. Enfin, si les fonds abandonnent la Chine, ce n'est pas seulement par peur de cet environnement devenu incertain mais aussi parce qu’ils sont attirés par les rendements de la dette américaine. Ils redeviennent très attractifs. Avec l’inflation, les taux sont en train de grimper. Celui du bon du Trésor à 10 ans a frôlé les 3% la semaine dernière. Il a dépassé le taux de son équivalent chinois. Une première depuis douze ans.
Cette tendance est durable, du moins tant que la Fed agira pour mater la hausse des prix
C’est une mauvaise nouvelle pour Pékin. Si la dette chinoise suscite moins d'intérêt des acheteurs, il est délicat d’abaisser un peu plus les taux pour soutenir l’économie. Ce reflux des investisseurs étrangers est un nouvel indice du découplage entre l’occident et la Chine, mais il ne faut pas non plus exagérer son importance. Car ce qui est sensible dans le domaine de la finance, où l’on peut facilement acquérir un titre ou s’en débarrasser, ne l’est pas encore dans l’économie réelle. Les investissements directs étrangers des grandes entreprises occidentales dans l’empire du milieu ont fortement augmenté en 2021,de 20%. Les économies chinoises, américaines et européennes restent hyper dépendantes les unes des autres.
►En bref
Google et Youtube, les deux machines à cash du groupe Alphabet, déçoivent au premier trimestre
Les bénéfices du géant californien sont toujours fournis, 16 milliards de dollars, mais en forte baisse, - 8% par rapport à 2021. Un recul imputé à la compression des budgets publicitaires. Youtube subit aussi la concurrence de Tiktok. En revanche la fête continue pour Microsoft: ses bénéfices grimpent de 8%.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne