La Fed et la BCE prêtes à lâcher du lest dans la lutte contre l’inflation ?
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La Réserve Fédérale et la Banque centrale européenne vont-elles continuer à serrer la vis du crédit pour lutter contre l’inflation ? La réponse sera connue dans les prochaines heures pour la banque centrale des États-Unis et demain pour l’Europe.
Aux États-Unis comme en Europe, l’inflation s’essouffle. Elle a culminé à 9 % aux États-Unis, elle n’est plus que de 5 % ; en zone euro, on est passé de 10,6 % à 7 %. Mais elle est toujours là, bien installée. Un ultime relèvement des taux d’intérêt parait donc s’imposer. Ce sera le « der des der » pronostiquent les analystes financiers de part et d’autre de l’Atlantique. Ils sont beaucoup plus partagés sur l’ampleur de cette nouvelle augmentation des taux directeurs. Faut-il les augmenter d'un quart ou d'un demi-point pour contenir la hausse des prix sans trop abîmer la croissance ? Le débat divise évidemment les gouverneurs.
Aux États-Unis, les taux sont déjà très élevés
Ils sont compris entre 4,75 et 5 %. C’est deux points de plus que dans la zone euro. Aux États-Unis, la remontée des taux a été ultra-rapide, du jamais vu depuis quarante ans, et elle a été efficace. Mais l’objectif officiel, une hausse des prix de l’ordre de 2 %, est loin d’être atteint, il faut donc maintenir la pression. Pour prendre sa décision la Réserve Fédérale disposera des chiffres sur l’évolution du crédit, ils verront si les banques américaines ont resserré les conditions d'octroi du crédit ou pas. Dans un pays où l’emploi demeure vigoureux, un petit refroidissement de l’économie parait supportable, mais cette perspective inquiète les marchés. Ce matin, les bourses asiatiques sont orientées à la baisse, parce qu'elles misent sur une hausse des taux américains d'un quart nocive pour la croissance. Les investisseurs sont persuadés que la politique de la Fed mène les États-Unis tout droit vers la récession.
Le malaise des banques est l'autre dossier qui préoccupe Jerome Powell le président de la Fed
Un malaise des banques encore hyper-sensible, hier, à Wall Street. Deux banques régionales en ont fait les frais, leurs cours ont sérieusement dévissé de 20 et 40 % en une séance. En à peine deux mois, trois banques américaines ont évité la faillite de justesse grâce à l’intervention des autorités. Ces opérations promptement menées auraient dû, auraient pu rassurer les marchés, en fait, ils sont convaincus que d'autres maillons faibles menacent de s'effondrer et ils cherchent à les identifier. Difficile pour la Fed de ne pas tenir compte de cette fébrilité. C'est précisément sa politique de resserrement du crédit qui a fragilisé ces banques. Jerome Powell devra donc bien choisir ses mots pour expliquer sa décision et rassurer autant qu'il le peut sur la solidité du secteur financier.
En Europe, le tableau est beaucoup plus mitigé
La situation des banques européennes est bien meilleure. Et la politique de la BCE a commencé à produire ses premiers effets. On a appris hier qu'elles ont durci les conditions d'octroi du crédit. Par ailleurs, les chiffres de l'inflation en zone euro publié hier sont plutôt encourageants. L'inflation globale est encore en hausse parce que les prix de l'alimentation continuent à grimper, mais l'inflation sous-jacente, c'est-à-dire hors énergie et alimentation, a reculé pour la première fois depuis janvier. Ces bonnes nouvelles plaident en faveur de la modération, mais l'inflation demeure élevée à 7 %, et dans les pays baltes, c'est encore le double. La banque centrale européenne n'a donc pas fini son travail. Elle va probablement poursuivre une hausse modérée des taux, un relèvement d'un quart de point est escompté.
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