Qwant, le moteur de recherche français a trouvé un nouveau sauveur
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Octave Klaba, le cofondateur d’OVH, a confirmé hier ses intentions. L’opération sera finalisée dans le courant de l’été. Dans l'atmosphère propice à l’autonomie stratégique déclinée dans tous les secteurs cette annonce aurait pu soulever l'enthousiasme. Mais, c'est plutôt le scepticisme qui prévaut, car plus grand monde aujourd’hui ne croit en l’avenir de la pépite tricolore. En dix ans d’existence Qwant n’a pas su trouver son public. Sa promesse était de proposer une alternative aux géants américains sans exploiter les données individuelles des usagers.

Un discours qui a galvanisé les politiques et fait jaillir la manne des subventions.
La Caisse des dépôts, puis la Banque européenne d'Investissement ont mis la main à la poche. Les entreprises privées se sont aussi intéressées à la trouvaille du village gaulois. L’éditeur allemand Axel Springer notamment est monté au capital. Mais, ces millions investis ne se sont jamais transformés en milliards de profits. Malgré son installation sur tous les PC des agents publics, Qwant ne capte que 0,6 % des recherches et c’est grâce à Bing, le moteur de Microsoft, qu’il génère quelques maigres revenus publicitaires. Un autre géant mondial du numérique, chinois cette fois, Huawei, est aussi monté au capital et a fait de Qwant le moteur par défaut de ses portables. Sans effet notable sur la fréquentation.
Octave Klaba lui est convaincu que le moteur français a encore un avenir
« Le chemin sera long, coûteux et complexe » reconnait Octave Klaba. Cet entrepreneur aujourd’hui milliardaire se lance dans l’aventure parce qu’il a un plan en tête. En fait, il voit beaucoup plus grand que Qwant. Sa technologie ne sera sans doute pas conservée en l’état. Elle pourrait recourir à l'intelligence artificielle pour améliorer ses performances, des essais sont en cours. Il veut surtout proposer un écosystème complet baptisé Synfonium. L’utilisateur y trouvera des services équivalents à ce qu’il trouve sur Google, une boîte mail, un service d’archivage, un service de réunion vidéo ou encore un service de jeu en ligne, Shadow, une autre étoile déchue de la french tech qu’il a racheté l’an dernier. Et, c'est au cœur de ce dispositif que l'on trouvera le moteur de recherche. Son pari : agréger toutes les applis européennes trop petites pour émerger en solo afin qu’elles bénéficient de la masse critique offerte par la plateforme.
Qwant est aujourd'hui en grande difficulté financière
L'entreprise, biberonnée aux subventions publiques, perd chaque année des millions d'euros. Elle ne vaut plus que le montant des dettes qu'elle doit rembourser, c'est-à-dire 50 millions d’euros. Il faut donc maintenant trouver un montage financier acceptable pour les créanciers comme pour les trois fondateurs, toujours co-propriétaires de l’entreprise à hauteur de 60 %. La Caisse des dépôts et consignation détient le quart de Synfonium. La présence de l’État suffira-t-elle à rassurer les investisseurs ? C’est en tout cas un nouveau gage du volontarisme de l’État en matière de politique industrielle.
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