En Chine, la crise économique lamine le capital des nouveaux riches
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En Chine, les ménages les plus fortunés voient la valeur de leurs biens se dégonfler sous l’effet de la crise économique. Ils cherchent par tous les moyens à protéger leurs richesses, si possible hors de leurs frontières.
Les trésors rapidement accumulés pendant les vingt ans de la prodigieuse croissance chinoise s’évaporent à une allure vertigineuse. Le groupe des ultra-riches, ces ménages chinois aux avoirs supérieurs à 30 millions de dollars, a décliné de 7% en 2022. Et ce n'est qu'un début, avertissent les économistes. Le Covid et le confinement ont porté les premiers coups à la prospérité express de ces nouveaux riches. Puis, dans un pays où 70% de l’épargne est traditionnellement investie dans la pierre, les ménages aisés ont été frappés par la crise immobilière.
Avec les défauts en cascade des promoteurs, les prix se sont effondrés ; on parle d’une baisse de 15% dans les grandes villes chinoises. Dans la foulée, le marché des obligations dites spéculatives, c'est-à-dire à haut risque et à haut rendement, jusqu'alors très prisées par ces investisseurs particuliers, a littéralement disparu. Les grandes bourses chinoises sont, elles aussi, en berne alors que les autres places financières ont déjà effacé les pertes accumulées pendant la pandémie.
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Fuite des capitaux à l'étranger
Les nouveaux riches cherchent dorénavant des supports plus sûrs pour sauvegarder la valeur de leur patrimoine. Quand ils le peuvent, ils regardent maintenant hors de leurs frontières, toujours dans les secteurs qui les rassurent comme l'immobilier. À Tokyo, par exemple, les ménages chinois règlent en cash des appartements valant des millions de dollars alors qu’ils avaient plutôt l’habitude d’investir des montants dix fois moins importants dans des appartements destinés à la location.
Les Chinois se précipitent aussi à Hong Kong pour ouvrir un compte en banque. Avec un objectif bien précis : souscrire un contrat d’assurance libellé en dollars. Les sommes investies dans ces assurances peuvent aller jusqu’à 50 000 dollars par contrat, trois fois plus qu'il y a un an. Convertir ses renminbis en billets verts est en fait devenu l’obsession des nantis, mais une option pas toujours facile à mettre en œuvre. Résultat, le montant du cash déposé en banque s'est envolé depuis un an.
L'or, valeur refuge
L’alternative : acheter de l’or. Une valeur sûre en temps de crise. Dans une récente publication, plusieurs banques chinoises indiquent que les lingots sont vendus en ce moment 7% plus cher à Pékin que dans leurs filiales de Hong Kong tant la demande est forte en Chine continentale. L'avantage de l’or, c'est qu'il est commode à transporter pour ceux qui envisagent de transférer discrètement une partie de leurs avoirs ou tout simplement de quitter leur pays.
La migration est un privilège réservé aux plus fortunés. Cette année, les milliardaires du monde entier migrent vers des pays qu'ils jugent plus tranquilles, et parmi eux, ce sont les Chinois qui sont les plus nombreux. Un phénomène toléré par le gouvernement, car ces départs ne concernent que les ménages et non les entreprises. Étant donné le périmètre du produit intérieur brut (PIB) chinois, ces sorties de capitaux sont relativement indolores pour l’économie de la deuxième puissance économique mondiale.
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