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Le «hadj»: un business pour l'Arabie saoudite, une obligation lourde à assumer pour les pèlerins

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C'est le cinquième et dernier pilier de l'islam : le pèlerinage à la Mecque que tout musulman doit réaliser une fois dans sa vie, à condition d’être en capacité physique, et d'en avoir les moyens. Le hadj débute ce vendredi 14 juin en Arabie saoudite. Si l'organisation du pèlerinage est un défi logistique et sécuritaire pour les autorités, c’est aussi une manne financière pour le royaume.

Des fidèles prient dans la Grande mosquée de La Mecque pour le début du «hadj», le 17 août 2018 (image d'illustration).
Des fidèles prient dans la Grande mosquée de La Mecque pour le début du «hadj», le 17 août 2018 (image d'illustration). AHMAD AL-RUBAYE / AFP
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Les images de l'esplanade de la Kaaba de la Grande Mosquée de la Mecque vidée de ses pèlerins au temps du Covid-19 ne sont plus qu’un lointain souvenir. Le hadj devrait retrouver ses niveaux d'affluence d'avant-pandémie. En 2019, 2,5 millions de pèlerins venaient accomplir le grand pèlerinage. Les autorités en attendent cette année presque autant. C'est avant tout, une bonne nouvelle pour les fidèles, mais ça l'est aussi pour les recettes du royaume.

Avant le Covid-19, le hadj rapportait chaque année entre 10 à 15 milliards de dollars aux caisses de l'État saoudien. Si l’on y ajoute les revenus de l'autre pèlerinage, la oumra, non obligatoire, que les musulmans peuvent accomplir tout le reste de l’année, la manne financière représente au total près de 20 milliards de dollars, soit la deuxième source de recettes du royaume, loin toutefois derrière les milliards des hydrocarbures.

Le tourisme religieux au cœur de Vision 2030

Ce n’est pas nouveau, l'Arabie saoudite a toujours investi pour les villes saintes. À La Mecque, des hôtels, des restaurants, des dizaines de milliers de tentes climatisées ont été développés accueillir les pèlerins. Depuis 2016 pourtant, le prince héritier Mohammed Ben Salmane a placé le tourisme religieux au cœur du plan Vision 2030 qui prépare le royaume à sortir de sa dépendance aux hydrocarbures.

Pour cela, l'Arabie saoudite lance de nouveaux projets. En 2018, Riyad inaugurait une ligne de train à grande vitesse pour relier Médine et La Mecque en moins de deux heures. Coût du projet : 16 milliards de dollars. D'ici 2030, les ambitions de « MBS » sont claires : attirer chaque année plus de cinq millions de pèlerins pour le hadj, soit près deux fois plus qu'actuellement.

Jusqu’à 6 500 euros pour un pèlerin sénégalais

Mais pour les fidèles, l'accomplissement hadj peut être un fardeau. Si certains États subventionnent une partie du voyage de leurs ressortissants, difficile d'accomplir le grand pèlerinage sans dépenser au moins 5 000 euros. Pour cette édition 2024 : les quelque 13 000 pèlerins sénégalais ont, par exemple, dû débourser chacun près de 4,3 millions de francs CFA (soit plus de 6 500 euros), c’est deux fois plus qu’avant le Covid-19. 

La hausse des billets d'avion et des hôtels, la dévaluation de certaines monnaies expliquent l'augmentation des tarifs et pèse inévitablement sur le budget des pèlerins. De quoi rendre de plus en plus compliqué pour certains l'accomplissement du hadj, le « voyage d'une vie ».

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