Aujourd'hui l'économie

Financement de l'art - Sylvia Sanchez Montoya, tisser un modèle économique à deux métiers

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Pour ce dernier épisode de notre série de l'économie de l'art, rencontre avec une artiste franco-colombienne installée sur l'île de Majorque, dans l'archipel des Baléares, en Espagne. L'artiste textile Sylvia Sanchez Montoya a choisi de garder une autre activité professionnelle en parallèle de son travail d'artiste. Elle a ouvert ses comptes et son atelier à RFI.

L'artiste franco-colombienne Sylvia Sanchez Montoya dans son atelier à Palma de Majorque en juillet 2024.
L'artiste franco-colombienne Sylvia Sanchez Montoya dans son atelier à Palma de Majorque en juillet 2024. © Justine Fontaine / RFI
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Dans une ruelle du centre historique de Palma, Sylvia Sanchez Montoya nous accueille dans son atelier, installé au rez-de-chaussée d'un immeuble gothique en pierre.

« Il y a quatre mètres de hauteur sous plafond. Et on vient de me rendre cette œuvre que j’avais prêtée pour un film et qui va aller dans un hôtel. C’est une très grande pièce, l’une de mes plus importantes commandes à ce jour. Elle fait 4 mètres de hauteur et fera 34 mètres de largeur, c’est gigantesque », s’enthousiasme-t-elle en démêlant délicatement les fils d’une de ses sculptures textiles. Très lumineuses, ses œuvres sont formées de longs fils en coton et en laine écrus et blancs, tressés ou aussi fins qu'un voile, qui laissent transparaitre la lumière du jour ou celle de lampes colorées installées pour sublimer les fibres naturelles.

Sylvia Sanchez Montoya crée des sculptures textile et mène en parallèle une activité de consultante en direction artistique.
Sylvia Sanchez Montoya crée des sculptures textile et mène en parallèle une activité de consultante en direction artistique. © Justine Fontaine / RFI

« Les pièces que vous voyez ont été fabriquées pour beaucoup avec des fils de Majorque et un peu du reste de l’Espagne. Je ne peux pas tout trouver ici, mais j’essaye », explique-t-elle.

Deux activités professionnelles

L'artiste colombienne s'est installée à Majorque en 2019, après quinze ans passés en France. D'abord designer et consultante dans la mode, y compris pour de grandes marques, elle a débuté son activité artistique il y a deux ans. « J’ai commencé à vendre très vite », dit-elle, en partie grâce à un prix décroché dans un festival de design du lac de Côme, en Italie, juste quand elle s'est lancée.

L'artiste utilise souvent la lumière pour mettre en valeur ses œuvres, fabriquées à partir de coton ou encore de laine dont elle s'approvisionne principalement à Majorque et dans le reste de l'Espagne.
L'artiste utilise souvent la lumière pour mettre en valeur ses œuvres, fabriquées à partir de coton ou encore de laine dont elle s'approvisionne principalement à Majorque et dans le reste de l'Espagne. © Justine Fontaine / RFI

Aujourd'hui elle continue de mener deux activités en parallèle : artiste et consultante. L'art représente un peu plus d'un tiers de ses revenus. Mais devrait devenir sa principale activité d'ici quelques mois. « Je pense terminer l’année avec 50% de revenus artistiques et 50% de revenus du consulting. Ensuite, je pense qu’environ 60% de mes revenus proviendront de l’art », estime-t-elle.

Liberté de création

Son activité de consultante qui lui a permis une indépendance financière, mais aussi une compréhension du marché de l'art et un réseau professionnel. « J’ai travaillé pour des galeries d’art aussi, donc je comprends où je me situe. Avoir eu cette expérience avant m’a permis de proposer quelque chose qui marche », analyse l’artiste.

Sylvia Sanchez Montoya estime qu'elle pourrait vivre de son art à terme mais souhaite garder une activité en parallèle. « Je ne veux pas mettre trop de pression sur mon travail artistique. J’aimerais garder ma liberté de création. Or si je me concentre uniquement sur le fait de vivre de mon art peut-être que je devrais faire des compromis, et je n’en ai pas envie », conclut-elle.

Dernier ingrédient de son indépendance économique : le loyer de son atelier est un peu en dessous des prix du marché, sur une île où le coût de la vie et de l'immobilier est pourtant particulièrement cher.

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