Jerome Powell et son action à la tête de la FED, suivie par les grandes banques centrales
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Par son action contre l'inflation, Jerome Powell, président de la Réserve fédérale américaine, a marqué la politique monétaire de cette institution et a été suivie par les grandes banques centrales, comme la BCE ou encore la Banque d'Angleterre.

« L'inflation est bien trop élevée », martèle depuis des mois le patron de la FED. Alors qu'il y a un an, il assurait qu'elle n'était que transitoire. Mais depuis, les prix ont explosé. Et aujourd'hui, il n'est plus seulement question pour la FED de lutter contre l'inflation, elle doit aussi prouver sa crédibilité en tant que gardienne de la stabilité des prix. C’est pourquoi, lors de son discours de décembre, Jerome Powell déclarait : « Je souhaiterais assurer tous les Américains que nous comprenons l'épreuve qu'ils traversent à cause de l'inflation forte. Et que nous prenons l'engagement de la ramener vers l'objectif de 2%. »
Mais qui est donc cet homme que rien ne prédestinait à prendre la tête de l'institution la plus influente pour l'avenir économique de la planète ?
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Il n’a jamais fait d’études d’économie
Né il y a 69 ans, dans une fratrie de six enfants, son père était avocat, son grand-père maternel doyen à la Faculté de droit, diplômé de l'Université de Georgetown, Jerome Powell débute une carrière d'avocat avant de se tourner vers la banque d'affaires. Cet homme qui n'a jamais fait d'études d'économie est pourtant nommé par le président Bush père sous-secrétaire d'État au Trésor en 1992. Sous l'administration de Barack Obama, il siège au Conseil des gouverneurs de la FED, avant d'être nommé par Donald Trump à la tête de cette institution. Républicain modéré, il est pourtant critiqué par Trump qui tente de le limoger. Mais, surprise : en 2021, Jerome Powell est reconduit par le démocrate Joe Biden.
Il a marqué l’histoire
Son action à la tête de la FED constitue un tournant pour l'économie mondiale. Jerome Powell a mis fin à l'argent pas cher, estime Karl Toussaint du Wast, co-fondateur de Netinvessement, cabinet de conseil en gestion de patrimoine en ligne : « Il marquera l'histoire comme celui qui a coupé le robinet de "Quantitative Easing" [L’assouplissement quantitatif consiste pour une banque centrale à intervenir de façon massive et prolongée sur les marchés financiers en achetant des actifs, NDLR] initié par Janet Yellen. Et c'est un rôle très ingrat. C'est ça le rôle du gouverneur de la FED ou de la Banque centrale européenne pour Christine Lagarde, c'est de prendre des décisions ingrates, mais malheureusement nécessaires. Pendant dix ans, entre 2010 et 2020, il y a eu dix ans de "Quantitative Easing". C'est-à-dire de rachat de dettes par les banques centrales et d'injection de liquidités dans l'économie. C'était la fête durant dix ans ! Cette inflation qui arrive impose aux banques centrales le seul joker qui leur reste, celui d'arrêter le "Quantitative Easing" et de remonter les taux ».
Une marge faible pour lutter contre l’inflation
Mais, revers de la médaille, cette politique restrictive risque de provoquer une récession mondiale. C'est ce que Jerome Powell veut éviter. Lui qui s'est vu reprocher durant la pandémie ces millions d'Américains précipités dans la pauvreté, et les quelques autres, enrichis. Cette fois, si les causes de l'inflation sont connues – crise sanitaire, guerre en Ukraine, crise de l'énergie – impossible de prévoir comment tout cela va évoluer : « La pénurie des matières et les faillites qui vont arriver, 2023 va être le début de la récession d'un point de vue économique. Donc, il lui reste peu de temps pour éteindre l'incendie de cette inflation. Il avait raison de le faire de manière assez violente et brutale, parce qu'il fallait la juguler au sens médical. Il fallait poser un garrot à cette inflation de manière extrêmement forte. Là, il commence à annoncer un début d'allègement de hausse des taux pour préparer finalement les entreprises et le monde économique. Mais sa marge de manœuvre est extrêmement faible. Donc, il n'a pas d'autre choix que d'être un peu le Père Fouettard, en anticipant ce qui va nous arriver en 2023. »
Le chemin est encore long avant que l'inflation ne se calme durablement. Objectif de la FED, comme celui de la BCE : atteindre le chiffre de 2%, le seul à même de garantir une stabilité des prix.
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