Twitter, Starlink, Tesla: l’année très chargée d’Elon Musk
Publié le :
Aujourd'hui l'économie retrace l'année folle d'Elon Musk. Une année 2022 très dense pour le multimilliardaire. Le « serial entrepreneur » a ajouté Twitter à la longue liste des groupes qu'il dirige déjà.

Elon Musk est devenu « Chief Twit » cet automne. Ce sont ces mots, qui signifient « Crétin en chef », qu'il a fait apparaître sur son profil Twitter au moment du rachat du réseau social pour 44 milliards de dollars. Une acquisition au prix d'un gros endettement pour Twitter, et qui a tenu les Twittos en haleine. Le désormais deuxième homme le plus riche de la terre, selon Forbes, annonce au printemps son intention de mettre la main sur l'oiseau bleu, puis n'en veut plus l'été venu, avant de finaliser l'opération pour s'éviter un procès.
Le rachat n'apaise pas le tumulte
Si tôt les clefs de la boutique en main, Elon Musk vire l'équipe dirigeante et le conseil d'administration pour se retrouver seul aux manettes d'une entreprise qu'il retire de la Bourse. Il licencie sans ménagement la moitié des 7500 salariés et pose un ultimatum aux employés restants : travailler « à fond » ou partir.
Les salariés ne sont pas les seuls à prendre leur distance. Plusieurs grandes marques suspendent leur publicité de crainte d'être associées à des contenus toxiques. Le libertarien est arrivé avec l'intention d'assouplir la modération. Une liberté d'expression qui se révèle à géométrie variable. Le nouveau patrondu réseau social a récemment suspendu les comptes de journalistes qui couvrent l'actualité de Twitter et de son propriétaire avant de se raviser.
Dans les semaines qui suivent le rachat, il tente, tour à tour, de rassurer les annonceurs ou les menace d'appeler à un boycott « thermonucléaire ». Il « déclare » notamment, brièvement « la guerre » à Apple dont il critique aussi les commissions prises sur l'App Store. Un épisode surprenant pour Carolina Milanesi, présidente du cabinet de consulting Heart of Tech : « Cela montre à quel point il connait mal ce monde-là. Il a critiqué Apple pour sa commission "secrète" de 30%. Mais ce n'est pas secret du tout. Cela se sait depuis des années. »
« Une affaire personnelle »
Si tout ce tumulte inquiète les investisseurs ou les régulateurs, Elon Musk semble s'en amuser. Le trublion publie même la photo d'un homme posant devant une tombe, l'un et l'autre affublé d'un oiseau bleu, comme si Twitter assistait hilare à son propre enterrement. De quoi interroger sur ses intentions : « Je ne pense pas qu'il ait acheté Twitter parce qu'il y aurait vu une opportunité économique, ne serait-ce que parce qu'il faudrait que cette opportunité soit énorme pour récupérer sa mise, poursuit Carolina Milanesi. Selon moi, c'est une affaire personnelle. Il pensait devenir un héros en quelque sorte. »
En fin de compte, après avoir sondé les Twittos, Elon Musk a promis qu'il démissionnerait de la direction générale dès qu'il aurait trouvé « quelqu'un d'assez fou pour accepter le job ».
Son successeur devra redresser les finances
Elon Musk s'attend à un chiffre d'affaires 2023 en baisse de plus de 40% par rapport à 2021. Les remous pourraient avoir un impact sur les autres entreprises que Musk supervise. Le titre de Tesla s'effrite : -70% sur l'année. Toute la chute n'est pas liée à cette acquisition, mais il a vendu pour près de 40 milliards de dollars d'actions de Tesla cette année, en partie pour racheter Twitter, et des investisseurs s'inquiètent.
Les prévisions de baisse de productions à Shanghai pèsent encore plus sur le titre.
► À lire aussi : L'action de Tesla, entreprise d'Elon Musk, au plus bas depuis deux ans
Autre secousse du côté de Tesla, son plan de rémunération élaboré en 2018 et estimé à 56 milliards de dollars sur 10 ans lui a valu un procès.
Starlink aide l’Ukraine à rester connectée
Avec Twitter et Tesla, SpaceX a également fait couler beaucoup d’encre. Pour la première fois depuis 2019, SpaceX a fait voler son Heavy Falcon, la fusée la plus puissante du monde. Elle a par ailleurs obtenu un contrat avec la Nasa pour des navettes lunaires.
SpaceX s'est illustré dans le conflit en Ukraine. Sa constellation Starlink a assuré des télécommunications aux combattants. Là encore, cela n'est pas sans quelques remous. À l'automne, il menace de ne plus fournir internet gratuitement à l'Ukraine et demande au Pentagone de prendre le relai.
Là encore, Elon Musk finit par rétropédaler. Un temps remercié en héros, l'image du natif de Pretoriaa aussi été écornée en Ukraine par la publication, sur Twitter, de ses pistes pour un plan de paix entre Moscou et Kiev. Plan proposant notamment que la Crimée fasse officiellement partie de la Russie. L'ambassadeur d'Ukraine en Allemagne, Andrij Melnyk, lui avait répondu, toujours sur Twitter, d'aller « se faire foutre ».
Dans un contexte très différent, quelques terminaux Starlink ont aussi été déployés en Iran pour contourner les restrictions imposées par les autorités.
Après la voiture, le poids lourd électrique
Tout cela, ce n'a pas suffi à remplir l'année d'Elon Musk. Petit inventaire à la Prévert du reste, non exhaustif de son actualité 2022 : il a livré le premier « Semi », le camion électrique de Tesla. Selon les promesses de l'entrepreneur, le 37 tonnes peut parcourir 800 km avec une charge, près du double de ce que les autres véhicules du segment proposaient jusque-là.
Du côté de Neuralink, Elon Musk a annoncé que la start-up serait en mesure d'implanter son premier appareil connecté dans le cerveau d'un humain courant 2023. Encore faut-il que les autorités sanitaires approuvent.
Enfin, l'une de ses entreprises, la BoringCompany - qui creuse habituellement des tunnels - a lancé un parfum. Surprenant, peut-être pas autant que son nom : « Burnt hair » [cheveu ou poil brûlé en français, NDLR].
► À lire aussi : Twitter: «Le vrai projet d’Elon Musk est politique»
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne