Christine Lagarde face au dilemme de l’inflation en zone euro
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L’inflation bat un nouveau record en Europe. Les prix ont grimpé en moyenne de 5,1% en janvier. La banque centrale européenne doit-elle agir ? Et comment ? Des questions qui seront âprement débattues ce matin à la réunion du conseil des gouverneurs.

La poussée des prix est assez faible en zone euro, on est passé de 5% en décembre à +5,1% en janvier, mais c'est surtout une hausse inattendue, les prévisionnistes tablaient au contraire sur une détente des prix. Il y a donc de quoi s'interroger sur la vigueur de l'inflation européenne, même si elle est bien en deçà de l'inflation américaine aujourd'hui autour de 7%.
C'est pourquoi Christine Lagarde est attendue au tournant aujourd'hui. Il y a une semaine encore elle affirmait haut et fort qu’il n’était pas question de relever les taux d’intérêt en 2022 pour mater la flambée des prix. Celle qui est désormais surnommée « Madame Inflation » par le quotidien populaire allemand Bild, est aujourd’hui sur le grill.
La présidente de la BCE est soumise à des pressions ?
Elle est indépendante des gouvernements, ce qui ne veut pas dire qu'elle est insensible à ce qui est dit et ressenti dans la zone euro. Il y a d'abord des sensibilités très différentes au sein même du conseil des gouverneurs, les discussions de la matinée promettent d'être animées. Et la pression monte à l'extérieur.
La pression de l’opinion allemande : d’après un sondage publié en début de semaine l’inflation est le souci numéro un de nos voisins d’outre-Rhin, 70% des Allemands s’en inquiètent, ils ont plus peur de la hausse des prix que du covid ou du risque de guerre en Ukraine. Et la pression politique. Le président de l’Eurogroupe, le ministre irlandais des Finances, a souligné hier que l’inflation pesait sur le pouvoir d’achat des ménages et sur la croissance.
La BCE est censée maintenir l’inflation à un rythme modéré autour de 2%. C’est déjà aujourd’hui deux fois plus fort.
Il y a donc des raisons apparentes d’agir. La zone euro est la seule à maintenir ses taux au plancher alors que la plupart des grands argentiers ont commencé à les relever. C'est vrai au Royaume-Uni et bien sûr aux États-Unis. Mais Christine Lagarde comme de nombreux gouverneurs regardent les composantes de cette inflation et elle conclut qu'en zone euro c'est différent : ici c’est surtout la flambée de l’énergie qui fait grimper la moyenne des prix. Et dans une moindre mesure les prix alimentaires.
Les tensions s’expliquent en grande partie par les goulots d’étranglement que connait l’industrie. Enfin, autre élément clé il n’y a pas encore d’effets d’entrainement sur les salaires, la zone euro n’est pas encore dans une spirale inflationniste. Remonter les taux dans ce contexte apparait inutile et même dangereux. Puisque cela va automatiquement faire grimper la facture des dettes publiques.
Cette perspective est inquiétante pour les pays les plus endettés comme l’Italie ou la France.
Une hausse prématurée des taux pourrait provoquer une nouvelle crise de la dette et déclencher une nouvelle récession. C’est pourquoi la BCE restera prudente. Au-delà de son mandat officiel, la BCE a un mandat tacite à remplir, celui de maintenir la cohésion d’un ensemble économique encore très disparate, avec des pays très forts comme l’Allemagne ou les pays bas qui gèrent bien les cordons de la bourse, et des maillons faibles, l’Italie, la Grèce, l’Espagne, des pays fortement ébranlés par la crise de la dette et qu’il faut absolument ménager pour éviter une nouvelle crise de l’euro.
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