C'est le 18e jour de guerre en Ukraine. Mais les humains ne sont pas les seuls à mener des invasions. Quelques espèces d’animaux font la guerre, pour la conquête de territoires et l’accès à plus de nourriture.

« Il n’y a pas de Poutine chez les fourmis ! » Pas de général ou de dictateur pour déclarer la guerre chez l’insecte le plus répandu au monde, et l’un des animaux les plus belliqueux, capable de mener des combats où s’affrontent des milliers et des milliers d’individus sur le champ de bataille. « La reine n’a aucun rôle, il s’agit vraiment de décisions individuelles, poursuit Laurent Keller, professeur de biologie à l’université de Lausanne. Si la colonie manque de nourriture, les fourmis vont essayer d’augmenter la taille de leur territoire. »
Le myrmécologue suisse a observé les guerres terribles menées par la fourmi d’Argentine, invasive dans le sud de la France : « Beaucoup d’ouvrières vont attaquer le couvain, manger les bébés. Ce ne sont pas des fourmis qui ont beaucoup de force, alors elles se mettent à plusieurs pour attaquer d’autres individus, et même si elles ont une grande mortalité, elles vont quand même gagner. Beaucoup d’espèces vont attaquer avec leurs mandibules, décrit Laurent Keller. Certaines peuvent piquer avec du venin, d’autres possèdent des glandes qui peuvent produire des substances toxiques capables de paralyser l’ennemi. »
Fourmis altruistes
On fait même, chez les fourmis, de la médecine de guerre. « Si une fourmi perd une patte, elle va produire des phéromones pour dire aux autres qu’elle est blessée ; ils la ramèneront dans le nid pour la soigner, précise Laurent Keller. Mais si l’individu est trop blessé, par exemple s’il lui manque trois pattes, il ne va pas se signaler. C’est un acte altruiste : il ne va plus être utile à la colonie et donc il restera sur le champ de bataille. » Mort pour la patrie, et pour la nourriture.
La prédation, tuer une proie pour se nourrir, n’entre pas dans la guerre animale. La guerre que se livrent des animaux implique une action collective et concertée, pour agrandir son territoire. Seulement des animaux sociaux et territoriaux se font la guerre, et les comportements belliqueux sont finalement l’exception, qui ne concernent que peu d’espèces. Des fourmis, des hyènes, ou des chimpanzés.
La guerre de Gombe
La primatologue britannique Jane Goodall l’avait observé la première en Tanzanie, dans le parc national de Gombe, dans les années 1970 : quatre ans d’une guerre entre chimpanzés particulièrement cruelle. « Quand un groupe de chimpanzés retrouvait un autre groupe de chimpanzés à la bordure de leur territoire, les individus se tuaient entre eux, ils visaient les petits enfants, raconte Shelly Masi, primatologue pour le Museum national d’histoire naturelle et le Musée de l’Homme, à Paris. Ils déchiraient les corps, les testicules des mâles étaient arrachés… Des actes de violence que Jane Goodall n’avait jamais vus. »
Plus récemment, des chercheurs ont même observé au Gabon des chimpanzés attaquer une autre espèce que la leur : des gorilles. « Le gorille à dos argenté fait quand même le double de la taille d’un chimpanzé, souligne Shelly Masi, spécialiste du plus grand primate au monde. Le dos argenté a essayé de se défendre, mais en raison de la coopération entre les chimpanzés, huit individus contre un seul gorille, les chimpanzés ont pu tuer un petit enfant de gorille. »
Le bonobo fait l’amour, pas la guerre
La guerre est-elle dans les gènes ? La réponse n’est pas évidente, puisque le bonobo, le singe le plus proche de nous, plus encore que le chimpanzé, fait l’amour, pas la guerre. Mais il est moins territorial que son proche cousin chimpanzé. « Les primatologues se sont interrogés sur les origines de la guerre chez l’homme en regardant ce qui se passait chez les chimpanzés, explique Shelly Masi. La territorialité semble être une caractéristique importante pour déclencher ce type de guerre. Aujourd’hui en Ukraine, on voit effectivement une guerre menée pour un territoire. »
LA QUESTION
Les animaux enrôlés dans des conflits sont légions. La marine américaine possède une unité de dauphins pour repérer les mines sous-marines. Dans l’Antiquité, des porcs couverts de goudron enflammé étaient lancés contre les éléphants d’Hannibal. Pendant la Première Guerre mondiale, 300 000 pigeons voyageurs furent utilisés, et l’un d’entre eux reçut même en France une médaille militaire. Sans parler des chevaux, des chiens, et même des chats pour chasser les rats des tranchées… Des centaines de milliers de soldats inconnus.
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