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Yacouba Sawadogo, l’homme qui plantait des arbres au Sahel

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Le célèbre agriculteur burkinabé, qui vient de mourir, avait créé une forêt en plein désert. En perfectionnant la technique du zaï, il avait permis la naissance d’un écosystème et le retour des villageois.

Yacouba Sawadogo (à gauche), agriculteur du Burkina Faso, surnommé « l'homme qui a stoppé le désert », reçoit le Right Livelihood Award lors de la cérémonie de remise des prix Right Livelihood au Musée Vasa de Stockholm, en Suède, le 23 novembre 2018.
Yacouba Sawadogo (à gauche), agriculteur du Burkina Faso, surnommé « l'homme qui a stoppé le désert », reçoit le Right Livelihood Award lors de la cérémonie de remise des prix Right Livelihood au Musée Vasa de Stockholm, en Suède, le 23 novembre 2018. AFP - MELI PETERSSON ELLAFI
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Il était le paysan le plus célèbre du Burkina Faso, et peut-être même de toute l’Afrique de l’Ouest, parce qu’il avait accompli un miracle : faire pousser une forêt en plein Sahel. Yacouba Sawadogo, mort le 3 décembre à 77 ans, avait d’ailleurs reçu en 2018 le Right Livelihood Award, surnommé le prix Nobel alternatif, pour son œuvre dont la renommé avait dépassé les frontières du Burkina Faso.

« L’histoire de Yacouba commence dans les années 80 lorsque le désert tape à la porte de son village, provoquant sécheresse et famine. Tout le monde part, et lui, à contre-sens, reste dans le village et se met à planter des arbres, raconte le géographe franco-burkinabé Damien Deville, qui a consacré un livre à Yacouba Sawadogo intitulé L'homme qui arrêta le désertQuarante ans après, le hérisson, la biche, sont revenus, des villageois se sont réinstallés, et des agriculteurs profitent de la forêt comme rempart, comme gardienne de l’eau. » La naissance d’une forêt est un cercle vertueux qui entraîne l’établissement d’un écosystème équilibré et viable.

Le zaï, un trou de vie

L'homme qui plantait des arbres en plein Sahel avait utilisé une technique ancestrale, qu'il avait perfectionnée, le zaï : des trous dans la terre (enrichis de matière organique) pour capturer la pluie, si rare. « Traditionnellement, la technique du zaï se fait au début de la saison des pluies, précise Damien Deville. Yacouba Sawadogo, lui, a commencé à planter des arbres à la fin de la saison sèche. Il a été pris pour un fou ! Mais il était parti de l’idée que pendant la saison sèche l’arbre allait pouvoir développer un système racinaire certes timide, mais suffisant pour que, lorsque arrive la saison des pluies, il puisse très vite s’élancer vers le ciel pour aller chercher le soleil, très vite dans les profondeurs pour aller chercher des nutriments. »

Nos amis les termites

L’intuition de Yacouba Sawadogo, renforcée par l’observation et la connaissance des sols, de la pluie et de la nature, a fonctionné, avec des alliés précieux : les termites. « Les paysans ont souvent tendance à détruire les termitières, ces immenses cheminées de terre, parce qu’elles prennent de la place. Mais Yacouba s’est mis à les chérir, tout simplement parce que les termites ont le même rôle que les vers de terre en Europe, par exemple, explique Damien Deville. Ils malaxent la terre, ils dégradent la matière organique, la rendant assimilable par les végétaux, et ils creusent des galeries dans la terre, permettant à l’eau de mieux s’infiltrer. »

Redécouvert au Burkina Faso sous l’impulsion de Yacouba Sawadago, le zaï a essaimé dans les champs agricoles du Mali, du Niger ou du Sénégal. Il a fait des miracles, et continue d'en faire face au réchauffement climatique. Selon une étude préliminaire de l'Institut sénégalais de recherches agricoles, le zaï permet au sol de capturer 52% de CO2 en plus qu'une culture classique.

« Un chat, c'est de droite ou de gauche ? »

Le chat est l'animal de compagnie préféré de tous les Français. Mais chez les électeurs de gauche, il est très nettement sur-représenté par rapport au chien, selon un sondage publié cette semaine par le magazine Le Point. À l'inverse, les électeurs d'extrême droite sont ceux qui, possèdent, relativement, le plus de chiens. Mais pour une raison d'abord géographique et pratique : ils vivent davantage à la campagne, où il est plus facile d'avoir un chien... Dans ce sondage indispensable à la compréhension de la démocratie française, on retiendra aussi qu'un tiers des électeurs de Jean-Luc Mélenchon réclame la mise en place d'un congé en cas de décès de son animal de compagnie. Il n'y a pas de petit combat social, et peut-être qu'un jour on fera grève pour pouvoir enterrer Minou.

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