Higelin Mutomb, slameur de Lubumbashi
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Poète, slameur, Higelin Mutomb est un jeune artiste de Lubumbashi présent dans presque tous les grands événements de la ville. Ses textes très thématiques sont à la fois l’expression d’un engagement pour la défense des droits des personnes vulnérables et une interpellation sur des questions sociales, sanitaires et même écologiques. S'il a conquis la ville de Lubumbashi et en partie la RDC, Higelin Mutomb vise aujourd’hui l’Afrique. Denise Maheho est allée à sa rencontre.

C’est dans le jardin d’une résidence privée sur l'avenue de la Révolution à Lubumbashi que Higelin Mutomb trouve souvent l’inspiration. Il s’y rend tous les après-midi pour répéter, accompagné de Michael Kilupro, son guitariste.
« On a notre façon d’écrire des textes. On part d’une mélodie, on s’inspire, on entre à fond et puis, on sort un texte. Dès que l’on se rend compte qu’il est fini, on le place dans un dossier car on a le projet d’un recueil de poèmes. Alors, Michael est là, c’est lui qui conçoit tous les sons... »
Et le texte, il en a un encore en chantier. Son titre ? La RDC, un paradis. Au-delà de l’image souvent véhiculée de la RDC comme d'un pays en guerre, où se vit la misère et la violence, Higelin vante la beauté du Congo avec optimisme.
« Si vous regardez le texte, vous allez vous rendre compte que c’est un texte d’amour pour son pays. Et cela qui manque chez la majorité des Congolais. Nous sommes dans un milieu où on insulte les autorités à tout moment. On dit que le pays est mort… Mais, nous, nous chantons l’amour pour la société que Dieu nous a donnée »
La protection de l’environnement lui tient aussi à cœur. Récemment, il a lancé un projet appuyé par la mairie de Lubumbashi intitulé Kuloka (Ensorceler). Pour lui, polluer l’environnement avec des déchets, c’est détruire cette terre qui nous nourrit.
« D’abord on commence par ne pas jeter des déchets partout sur nos voies. Et cela part de notre cuisine où on a une poubelle dans un coin. Après, à l’école, à l’église, on a les mêmes réflexes de toujours jeter les déchets dans une poubelle. Enfin lorsqu’on se rend compte que même la voie publique est propre, on peut alors parler de la RDC comme pays-solution en matière de l’environnement »
En 2020, sa carrière a pris une tournure nationale avec le Festival Kin Connexion à Kinshasa. Le jeune artiste y a remporté le prix du meilleur interprète grâce à un texte adapté du livre intitulé Testament de Tchicaya U Tam’si, un des grands poètes africains.
« Mon voyage à Kinshasa m’a permis d’être en contact avec de grands auteurs. Vous avez quelqu’un comme Sinzo Anza, un des grands auteurs qui fait rêver toute la jeunesse. Quand on veut écrire, on écrit comme Sinzo. Vous avez une personne comme Fiston Mwanza, qui corrige votre texte. Après ils viennent à ton spectacle et te disent : 'Higelin, tu ne mérites pas de rester à Lubumbashi, il faut que tu quittes'... »
Voyager, c'est le rêve de ce jeune poète qui espère d’ici la fin de l’année, avoir quelques dates pour se produire en Afrique.
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