Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a décidé de décompter le temps de parole d’Éric Zemmour, le journaliste-essayiste de la chaîne CNews, devenu selon l’instance un « acteur du débat politique national ».

Tout est dans le choix des mots : un acteur du débat politique et non plus simplement un observateur. Avant l’été, quand on interrogeait le CSA sur la place ambiguë d’Éric Zemmour sur la scène politico-médiatique, il répondait qu’on n’allait pas commencer à quantifier le temps de parole des éditorialistes pour verser leurs propos dans tel ou tel camp. Pourtant, le polémiste d'extrême droite donnait déjà des signes de pré-candidature à l’élection présidentielle. On l’avait vu d’abord déclarer qu’il allait « peut-être passer à l’action », pour ne pas connaître le sort de cet historien qui regrettait d’en être resté aux mots. Puis, le 18 juin, il avait diffusé une vidéo où il déposait une gerbe devant la maison natale du général de Gaulle.
Mais surtout, le 29 juin, Gilles Haéri, le patron de la maison d’édition Albin Michel avait levé le pot aux roses en expliquant qu’il avait rompu son contrat d’édition avec Éric Zemmour car celui-ci avait « l’intention de s’engager dans la présidentielle et de faire de son prochain livre un élément clé de sa candidature ». Exactement ce qui va se passer avec La France n’a pas dit son dernier mot, l’essai du polémiste qui paraîtra le 16 septembre et qui est déjà numéro un en pré-commande des ventes sur Amazon. C’est d’ailleurs la promotion à venir de ce livre dans toute la France qui a justifié la suspension de sa chronique dans Le Figaro.
Utiliser son émission pour préparer sa campagne
Le risque était alors que Zemmour profite de son émission quotidienne sur CNews pour préparer le terrain de sa campagne avant de se déclarer candidat au tout dernier moment, comme ses amis l’avait laissé entendre. Tout l’été, on a pu voir les affiches « Zemmour président » d’un collectif baptisé « Génération Zemmour ». Puis la commission des comptes de campagne a donné son agrément à une association de financement politique « Les amis d’Éric Zemmour ». Et pour finir, le 3 septembre, le polémiste qui n’a jamais démenti préparer sa candidature, a déclaré qu’il était prêt à débattre avec Marine Le Pen.
C’est alors que son nom a été testé à 8% dans un sondage paru dans le Journal du dimanche que Le CSA a estimé qu’il fallait compter au titre de prises de parole politiques tout ce qui avait trait dans sa bouche au débat politique national. Bien sûr, CNews a réagi en précisant que Zemmour resterait à l’antenne, qu’il était éditorialiste et que le CSA avait créé un statut spécial : celui de « précandidat ». Quant à Zemmour, il a remis en cause l’indépendance du CSA par rapport au pouvoir exécutif. Histoire, sans doute, de déjà mettre en scène un bras de fer avec Macron qu’il ira incarner chez Ruquier ce samedi sur France 2, avant BFM TV.
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