Chronique des médias

Bolloré, out of Africa

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Vincent Bolloré a annoncé cette semaine un désengagement de ses activités dans les ports et les lignes ferroviaires en Afrique, tout en disant vouloir poursuivre son développement dans les médias et la communication.

Le groupe Bolloré Africa Logistics est incontournable sur le continent africain.
Le groupe Bolloré Africa Logistics est incontournable sur le continent africain. © ERIC PIERMONT / AFP
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Quel rapport entre la messe de Noël et l’annonce par Bolloré Logistics d’un accord de négociations exclusives pour sortir de 42 ports et de trois lignes de chemin de fer en Afrique ? Aucun, me direz-vous, à ceci près que dans les deux cas, c’est Vincent Bolloré lui-même qui est derrière ces décisions.

Selon Le Parisien, la diffusion sur C8 de la messe en l’église Saint-Georges de Trappes a été décidée après que le préfet des Yvelines s’est plaint de n’avoir sur CNews qu’une représentation de la ville liée à l’insécurité et à l’islamisme. On sait que le milliardaire breton est un catholique si attaché à l’Église qu’il supporte difficilement le blasphème, programme volontiers des messes ou des interviews de catholiques revendiqués et autorise même la diffusion d’un film américain anti-avortement, cet été, sur C8. Par ailleurs, c’est aussi un généreux mécène notamment du foyer Don Bosco, des Petites Sœurs des pauvres.

Seul hic à cette hagiographie, son soutien à Éric Zemmour et les conditions de sa présence en Afrique. Alors que le pape François appelle les chrétiens à l’accueil des réfugiés en Europe, Vincent Bolloré soutient un candidat qui parle d’invasion à propos de l’immigration et est jugé pour provocation à la haine raciale après ses propos sur les mineurs migrants isolés.

Sur le continent africain, où il réalise de solides profits et emploie 28 000 salariés, le groupe Bolloré a aussi été mis en cause pour ses conditions de travail, notamment au Cameroun dans une palmeraie de la Socapalm, où il employait des mineurs, selon un Complément d’enquête de France 2. Enfin, en février, mis en examen pour corruption à travers sa filiale Havas, Bolloré a reconnu sa culpabilité pour obtenir les ports de Lomé et de Conakry.

L’accord d’exclusivité qui va permettre à Bolloré de se désengager des ports et du rail africain a été signé avec le suisse MSC, qui détient non seulement des ports, mais 550 navires. Vincent Bolloré tire ainsi les leçons de ses ennuis médiatico-judiciaires. Il ne va cependant pas complètement quitter l’Afrique puisqu’il reste en force dans Vivendi, qui contrôle Canal+, Havas et possède une participation dans MultiChoice, le bouquet de télévision sud-africain.

La cession de Bolloré Logistics sera pour lui une remarquable affaire puisque la vente est attendue pour 5,7 milliards d’euros alors qu’il en espérait deux fois moins. Après la prise de contrôle totale de Lagardère, c’est aussi pour l’industriel un moyen de mettre au clair les contours de son groupe avant d’en transmettre les rênes à ses enfants, en mars. Même si, après cette date, comme un bon père, on ne l’imagine jamais très loin de sa paroisse...

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