L’Europe de la désinfox: publication d'un nouveau code de bonnes pratiques
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Le code des bonnes pratiques a été présenté cette semaine par la Commission européenne en matière de désinformation.

Au moment où quatre dirigeants européens sont venus apporter leur soutien à l’Ukraine, jeudi à Kiev, la Commission européenne est parvenue à mettre au point un texte, un code de bonne conduite sur la désinformation, signé par 34 organisations. Ce sont à la fois des plateformes comme Google, Microsoft ou Twitch, des réseaux sociaux comme Facebook, Twitter ou TikTok, des messageries comme WhatsApp, mais aussi des ONG comme Reporters sans frontières, des collectifs professionnels comme la Fédération mondiale des annonceurs ou encore des représentants des agences de publicité ou de fact-checking. L’idée est simple : il s’agit de souscrire à 44 engagements qui permettent de réserver les dépenses publicitaires en Europe aux acteurs du numérique qui respectent ce code de bonne conduite. Autrement dit, il s’agit d’assécher le juteux marché des infox qui pullulent à mesure que l’achat de publicité digitale s’automatise en allant chercher les audiences là où elles se trouvent.
Limiter les effets de la désinformation en ligne
Alors cela n’empêchera sans doute pas les organisations malveillantes de nuire. On l’a vu sur Twitter avec ce faux compte sans doute créé par la société Wagner attribuant aux soldats français un charnier à Gossi, au Mali. Il a fallu que l’armée française mène une contre-offensive dans ce qu’elle appelle la « guerre informationnelle », pour déjouer, images satellite, à l’appui une tentative de manipulation des mercenaires de la société russe. Avec le nouveau texte européen, dont le réseau social russe Telegram n’est d’ailleurs pas signataire, les fausses informations dans le seul but de faire du clic seront moins exposées. Car les grandes plateformes savent qu’elles ont tout intérêt à assurer la réputation des marques, qui ne veulent pas avoisiner des infox.
Des amendes jusqu'à 6% de leur chiffre d'affaires
Vera Jourova, la vice-présidente de la Commission européenne, se félicite d’une mesure « bien calibrée, sans censure » puisqu’on oriente le robinet publicitaire plutôt que d’intervenir sur les contenus. Et si les plateformes s’engagent, mais ne font rien - ou pas assez - comme cela a été le cas après une première charte en 2018 ? Eh bien, c’est là que le nouveau Digital Services Act va se révéler utile puisqu’il permet de ponctionner de 6% de leur chiffre d’affaires les géants qui ne respectent pas leurs engagements européens. Le code vise à bannir les acteurs malveillants, à vérifier les campagnes, à évincer les sites douteux, à tarir les audiences artificielles obtenues par des fausses polémiques. Bref, à empêcher les pourvoyeurs d’infox de surfer sur les algorithmes. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, c’est aussi un peu une arme européenne.
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