Chronique des médias

Guerre Israël-Hamas: la difficulté d'informer depuis Gaza

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Retour sur les difficultés d'informer à Gaza, alors que l’enclave palestinienne est sous la coupe du Hamas, subit les bombardements meurtriers de l’armée israélienne et que tous ses accès sont verrouillés pour les journalistes.

Des journalistes assistent à l'évacuation d'un blessé par les secours, dans la bande de Gaza, le 16 octobre 2023.
Des journalistes assistent à l'évacuation d'un blessé par les secours, dans la bande de Gaza, le 16 octobre 2023. © Adel Hana / AP
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On compte plus de 2 000 journalistes étrangers présents en Israël, dont 358 Américains, 281 Britanniques et 221 Français… Face à cela, combien d’envoyés spéciaux à Gaza pour rendre compte des frappes aériennes, des déplacements de population ou du blocus que subissent les Gazaouis ? Aucun. Ni CNN ni la BBC ni TF1, ni France 24 ni France Télévisions n’ont pu dépêcher des reporters, même s’ils ont parfois des correspondants sur place.

Les accès par Israël comme par l’Égypte sont bloqués, cadenassés, et même si certains médias ne désespèrent pas de rentrer, ils doivent penser aux risques qu’ils font courir à leurs journalistes qui peuvent être tués par un tir ou même enlevés. À France 2, la directrice de la rédaction, Muriel Pleynet, remarque par exemple que si un journaliste français réussit à passer, il faut aussi penser à la façon dont il peut sortir du piège de Gaza.

L'appui des équipes locales

Cela ne signifie pas, pour autant, que les médias occidentaux sont sourds et aveugles. Ils s’appuient sur les équipes locales des agences de presse, notamment l’AFP, mais aussi sur des journalistes ou fixeurs palestiniens qui leur fournissent des informations et des images. Ces supplétifs des médias, qui prennent tous les risques et permettent d’assurer un traitement éditorial depuis Gaza, sont déjà 24 à avoir perdu la vie depuis le 7 octobre.

Ils doivent faire face aux pénuries d’eau ou d’électricité et à un accès de plus en plus réduit à Internet, ce qui fait craindre à Reporters sans frontière un « blackout médiatique ». Aujourd’hui, les journalistes palestiniens sont difficilement joignables et ils ont eux-mêmes énormément de mal à joindre leurs sources au cœur de la situation catastrophique que connaît Gaza.

Difficulté de prendre de la distance

Leurs sources, ce sont parfois des ONG présentes sur place, des médecins, mais ce sont aussi les autorités, donc le Hamas, et dans ce cas, il leur est difficile de prendre leur distance. On l’a vu lors de l’explosion à l’hôpital, où la version du Hamas sur les faits comme sur le bilan humain est contestée ou démentie par les médias internationaux.  C’est la raison pour laquelle l’AFP filtre toutes les dépêches venant de Gaza, à partir de ses bureaux à Nicosi ou Jérusalem.

En même temps, ces voix et ces regards sont incroyablement précieux, au moment même où chaque rédaction mesure la disproportion entre l’abondance d’images en provenance d’Israël et la fragilité des reportages venant de Gaza. Car face à des opinions chauffées à blanc, où l’émotion domine, il est tenant de reprendre des vidéos de propagande ou des réseaux sociaux, et de prêter le flanc à des manipulations. 

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