Chronique des matières premières

Le boom des importations chinoises de sésame profite à l'Afrique

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La Chine a importé 25 % de sésame de plus en 2020 qu'en 2019. Un sésame acheté en quasi-totalité sur le continent africain.

Des grains de sésame.
Des grains de sésame. © CC0 Pixabay/Pezibear
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Dans le secteur du sésame comme tant d’autres, c’est la Chine qui tire vers le haut la demande internationale. À elle seule elle importe environ la moitié du sésame produit et vendu ailleurs dans le monde.

L’explication n’est pas à chercher dans l’assiette des consommateurs, leurs habitudes alimentaires n’ont a priori pas changé, mais plutôt du côté de la production nationale. 

La production chinoise de sésame a chuté ces vingt dernières années

Elle est en perte de vitesse depuis les années 2000 : la Chine aujourd’hui produit moitié moins de sésame qu’il y a 20 ans, notamment parce que le sésame chinois est devenu moins compétitif sur le marché international et qu’il est donc délaissé pour d’autres cultures plus rémunératrices.

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Les derniers chiffres disponibles sont ceux de 2019 : le pays a produit 469 000 tonnes de sésame. La production de l’année dernière n’est pas encore connue, mais les intempéries de fin d’année devraient avoir un impact sur la récolte, avec ce qui n’arrange rien une dégradation de la qualité des graines du fait de l’humidité.

Les acteurs chinois ont-ils anticipé une mauvaise récolte à venir et acheté donc en 2020 un quart de plus de sésame ? Le boom des importations ne répond pas forcément à une logique, l’émulation collective sur les marchés est parfois irrationnelle, confie un négociant.

Le sésame soudanais a la cote

L’Afrique est en tout cas le grand gagnant de cet emballement chinois : à 97 % c’est elle qui fournit le marché : et parmi les pays du continent, c’est le Soudan qui tire le mieux son épingle du jeu. Le pays a exporté en Chine 35 % de sésame de plus en 2020 que l’année précédente.

« L’offre africaine en sésame est moins chère, et de bonne qualité », explique François Griffon, analyste pour le service d’information sur les marchés agricoles N’kalo. Mais l’explication, dit cet expert, est aussi certainement à chercher dans la présence commerciale chinoise sur le continent.

Il se trouve que les plus grands exportateurs africains de sésame vers la Chine sont des pays de forte implantation chinoise ou de gros partenaires commerciaux. On parle du Soudan, mais aussi de l’Éthiopie, du Niger ou encore de la Tanzanie. Des pays dans lesquels il n’est pas exclu que le négoce de matières premières s’inscrive dans une stratégie financière plus large, une forme de compensation ou de troc pour rembourser des prêts ou répondre à des investissements.

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