Le blocage des exportations de maïs ukrainien perturbe l'alimentation du bétail
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Depuis le début de la guerre, les exportations de matières premières ukrainiennes connaissent un coup d'arrêt. 15 millions de tonnes de maïs sont ainsi bloquées. Ce qui rebat inévitablement les cartes du commerce de grains jaunes.

L'arrêt des exportations de céréales depuis la guerre est un vrai coup porté aux fabricants d'aliments pour le bétail. Les plus pénalisés sont les gros acheteurs, la Chine, l'Espagne et les Pays-Bas. Pour l’Europe, le maïs ukrainien représente 50% des volumes importés.
La tension est d'autant plus forte que le maïs se récolte tardivement, en novembre, et qu'il restait à l'Ukraine encore environ 15 millions de tonnes à exporter, mi-février selon les derniers chiffres disponibles du cabinet UkrAgroConsult. Soit beaucoup plus que ce qu'il reste à exporter des récoltes de blé et d'orge.
La guerre profite au maïs américain
Or, le bétail n'attend pas et doit être nourri chaque jour. Les acheteurs sont donc contraints de regarder ailleurs et en particulier aux États-Unis. Le stock américain de maïs est évalué à 30 millions de tonnes et peut répondre à de nouvelles sollicitations. L'Espagne a déjà entamé des démarches pour se fournir Outre-Atlantique. Avec un préalable : l'obtention d'une dérogation pour importer le maïs OGM américain qui n'était pas autorisé à entrer sur le territoire européen.
La Chine, première acheteuse du maïs d'Ukraine possède de gros stocks - environ 200 millions de tonnes soit 2/3 des stocks mondiaux- ce qui la met à l'abri de toute pénurie. Mais elle ne devrait pas cesser d'acheter pour autant car il lui faudra reconstituer ses réserves explique Gautier le Morgat, analyste chez Agritel. Il ne faut donc pas compter sur elle pour alléger la pression sur les prix.
En 15 jours, les prix ont bondi de 40%
Car ceux qui achètent aujourd'hui, dans l'urgence, doivent faire face à des prix qui ont flambé : en deux semaines ils ont augmenté de plus de 40% soit un surcoût d'environ 100 euros pour une tonne de maïs arrivée à Bordeaux en France. Les industriels qui ne pourront pas débourser autant vont devoir se tourner vers le blé notamment, ce qui ne fera qu'alimenter aussi la hausse des cours sur un marché là aussi déjà tendu.
L'inconnue est de savoir combien de temps sera bloqué le maïs ukrainien, et aussi à quoi va ressembler la prochaine récolte. Les semis doivent débuter d'ici début avril. Les agriculteurs auront-ils assez de semences, « probablement non », craint l'expert d'Agritel, auront-ils assez de carburant pour faire tourner leur tracteur, assez de produits phytosanitaires ? Sans parler du contexte sécuritaire qui risque de faire chuter la main d'œuvre dans les campagnes ukrainiennes.
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