Face à la concurrence, la banane française soigne son image
Publié le :
La France produit 200 000 tonnes de bananes par un an, une goutte d’eau sur le marché mondial. Face à une concurrence rude, la Guadeloupe et la Martinique cherchent à se démarquer, avec une étiquette de banane durable.

La banane n’est pas le meilleur élève en matière de bilan carbone et de bonnes pratiques environnementales. Mais la filière fait des efforts, en particulier celle de Guadeloupe et Martinique. Pour la banane française, c'est une question de survie si elle veut garder une place dans un marché de plus en plus concurrentiel, après une année 2021 compliquée.
Les fruits des Antilles pâtissent des privilèges octroyés à la banane dollar, celle qui vient d'Amérique latine, qui bénéficie de conditions de mise sur le marché très favorables en Europe avec une baisse des droits de douane de 50% en dix ans. En parallèle, la grande distribution a changé de pratique : elle achète massivement, de manière plus centralisée, et a développé ses ventes en ligne. Un modèle dans lequel la banane française a du mal à exister.
-75% de produits phytosanitaires en 15 ans
La filière des Antilles a donc choisi de soigner son image. Et met en avant ses performances : -38% d'engrais et -75 % de produits phytosanitaires utilisés en 15 ans. Quant au bilan carbone, il a diminué de 14%. Il se monte aujourd'hui à 800 g d'émission de gaz à effet de serre par kilo de banane. Il reste supérieur à celui de la pomme qui est à 300 g, mais équivalent aux fraises d'Espagne, et beaucoup plus bas que celui des œufs et de la viande, dont le bilan carbone est notoirement mauvais.
Pour ses progrès en matière de bilan carbone, la banane antillaise peut dire merci à la CMA/CGM son partenaire pour le transport. Car la compagnie, qui dispose aujourd'hui de 26 navires fonctionnant au GNL, a baissé de moitié sa contribution carbone – de 260 à 130 g par kilo de banane. À titre expérimental, un conteneur par semaine de banane antillaise voyage par ailleurs grâce à du biofuel.
La banane française subira aussi les effets de la guerre en Ukraine
La banane française fait tout pour « résister », selon les mots employés par l'Union des groupements de producteurs de bananes de Guadeloupe et Martinique face à des prix qui en 2021 ont été au plus bas : 11,7 euros le prix moyen annuel du carton, contre 15 euros en 2016.
Mais comme les autres bananes, elle souffre de la guerre en Ukraine. Les caisses non consommées se rajoutent au marché européen, qui fait office de marché d’ajustement. Avec le risque d'une nouvelle baisse des prix. Sur la durée, Pierre Monteux, le directeur de l'UGPBAN, craint un tsunami pour la filière, marqué par une nouvelle baisse des prix.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne