En cinq ans, la filière soja a explosé au Togo. Ce petit pays d’Afrique de l’Ouest est devenu le premier exportateur de soja bio vers le marché européen. Et s’invite désormais aussi sur les marchés indien et américain.

C’est l’histoire d’une ascension fulgurante. En un an, la surface dédiée à la culture du soja a doublé au Togo. Et elle devrait encore augmenter en 2022. La production 2021 était supérieure à 250 000 tonnes. Soit cinq fois plus qu’en 2015. « Il n’y a pas un village où on ne trouve pas du soja », résume Jean-Paul K. Kpogli, secrétaire général du Conseil interprofessionnel de la filière soja.
La courbe des prix est telle que le choix des agriculteurs est conforté d’année en année. De 500 euros la tonne en 2020 (prix hors transport et taxe d’exportation), le soja se vend aujourd'hui à plus de 900, voire 950 euros. Et la guerre en Ukraine n’est pas annonciatrice d’une baisse, bien au contraire. Le conflit prive le marché international d’un de ses acteurs. L’Ukraine était en 2020 le second exportateur de soja bio vers l'Europe derrière le Togo, mais risque de voir sa production baisser. Faute d’huile de tournesol ukrainienne, le marché se tourne par ailleurs vers des alternatives. L’huile de soja en est une. La demande et les prix ont donc tout pour attirer les agriculteurs.
Plus de soja, moins de coton
Ce boom du soja togolais et notamment du soja bio est le fruit d’une politique offensive de l’État qui a reçu l’appui de la coopération allemande pour ce qui est de la formation des agriculteurs. Pour une meilleure traçabilité, l’interprofession s’est aussi investie et a mis en place une application disponible sur smartphone pour géolocaliser chaque cargaison qui voyage à travers le pays.
L’engouement togolais pour le soja s’explique par une facilité de culture et de récolte par rapport au coton beaucoup plus contraignant. Sa production se fait donc au détriment essentiellement de celle de l’or blanc.
Premier exportateur de soja bio vers l’Europe
À 90%, le soja togolais est exporté. Il ne fait pas encore partie des habitudes alimentaires locales, même si la production de lait et fromage se développe. Le soja bio togolais est de plus en plus prisé en Europe. Il voyage aussi en Inde, aux États-Unis et des premiers contacts ont eu lieu avec la Chine. Le Japon et le Brésil s’intéressent aussi à la production togolaise. Le coût du fret limite cependant, pour l’instant, le développement de ces marchés.
La filière vise demain 500 000 tonnes de production avec l’objectif d’alimenter l’industrie locale et en particulier la plus grande unité de trituration qui, quand elle verra le jour, pourrait absorber 150 000 tonnes. À la clé, une plus grande production d’huile de soja et de tourteaux – pour l’alimentation animale – made in Togo.
► À écouter : Le bio togolais séduit l'Europe
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