Chronique des matières premières

Sulfate de manganèse: le monopole chinois en question

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Le sulfate de manganèse est un composant essentiel des batteries des voitures électriques. Il est produit majoritairement en Chine. Ce qui pourrait poser un problème aux yeux de certains experts, dès l’année prochaine.

Du sulfate de manganèse.
Du sulfate de manganèse. © Domaine public/YOSF0113
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Beaucoup moins cher que le cobalt le cuivre ou le lithium, le sulfate de manganèse ne fait guère parler de lui alors qu’on en trouve entre 10 et 30 kilos dans la plupart des voitures électriques, la quantité dépendant du type et de la puissance des batteries. Certaines batteries en contiennent un tiers, voire même plus.  

L’avantage du sulfate de manganèse de haute pureté contenu dans les batteries est son prix et sa disponibilité puisqu’il est élaboré à partir d’un minerai présent dans une trentaine de pays. Mais là où l’histoire se complique, c’est quand on parle de sa production.  

Des prix chinois « artificiellement » bas

Car la Chine fournit aujourd’hui 95 % de la demande mondiale, essentiellement à partir de minerai chinois. Les 5 % restants sont issus de manganèse transformé au Japon et en Belgique et se commercialisent à un coût beaucoup plus élevé : là où la Chine vend la tonne à 1 000 dollars, ailleurs, elle est proposée à environ 2 500 dollars.

Si la Chine propose des prix « artificiellement bas », comme le dit un expert de la filière, c'est grâce au soutien apporté à l’industrie locale : terrains octroyés gratuitement, prêts à taux zéro ou encore prix de l’électricité défiant toute concurrence, sans parler de la main-d’œuvre bon marché, le tout dans un contexte de normes environnementales peu contraignantes.

Le créneau est porteur et la Chine l’a bien compris puisqu’elle continue d’augmenter ses capacités de transformation.

Aucune capacité de traitement en Amérique du Nord

La perturbation des chaînes d’approvisionnement mondiales depuis 2020 pourrait cependant rebattre les cartes. La mode est à la relocalisation du tissu industriel et à une production plus responsable.

Mais la filière ne pourra se développer en Europe ou en Amérique du Nord – où il n’y a aucune capacité de production pour l’instant – au plus près des fabricants de batteries que s’ils acceptent de payer un prix plus « équilibré », rappelle l’Institut international du manganèse qui espère qu’ils comprendront l’intérêt de bâtir leur propre chaîne d’approvisionnement.

Notamment, car la dépendance à la Chine pourrait s’amplifier si rien n’est fait. Au-delà des enjeux politiques, le risque est qu’une fois ce marché émergent devenu plus mature, les producteurs chinois, en situation de quasi-monopole, fassent monter les prix, à l’heure où la demande aura explosé.

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