Chute des exportations de bois russe en 2022
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La Russie figure parmi les plus grands pays forestiers au monde, l’embargo contre le bois russe décidé en avril dernier par les pays occidentaux a donc sans surprise bouleversé les chaînes d’approvisionnement.

L’embargo décrété par les Européens – qui concerne les bois bruts, les bois rabotés et les produits dérivés –, a fait chuter les exportations de bois russe de 20,8 %. Mais les flux ne se sont pas taris pour autant. Selon l’agence russe de gestion des forêts (Roslesinforg) le pays a réussi à maintenir ses exports vers 89 destinations. Exports qui ont concerné aussi bien le pin, l’épicéa, le mélèze ou encore les feuillus tels que le chêne. La Russie figurant parmi les premiers exportateurs de bois, l’offensive russe et les sanctions qu’elle a entraînées ont cependant bousculé les relations commerciales dans la filière bois.
Avant les sanctions, l’Estonie était un des gros consommateurs de bois russe. En 2022, le pays a divisé par deux ses achats, comme d’autres États qui ont appliqué les sanctions. En revanche, l’agence nationale des forêts dit avoir limité ses pertes grâce à ses pays amis. Roslesinforg précise également que la baisse des exportations a aussi été compensée par l’exportation de produits transformés à plus forte valeur ajoutée.
Le Moyen-Orient, un acheteur très actif
Parmi les pays qui ont augmenté leur commerce avec la Russie figurent ceux d’Afrique du Nord où la demande domestique est très forte et où les flux de bois français se sont asséchés en 2022. Autre région où le commerce avec la Russie a fait un bond particulier, le Moyen-Orient. En volume cumulé, Afrique du Nord et Moyen-Orient ont importé 18 % de plus en 2022 qu’en 2021.
Les acheteurs les plus actifs ont été de loin les Émirats arabes unis (+83 %) suivis de près par l’Irak (+75 %) et la Jordanie (+45 %). L’Iran a augmenté de 14 % ses importations, Israël de 13 %, la Tunisie et le Liban ont acheté, eux, plus de 10 %.
La Chine reste néanmoins le plus fidèle client de bois issus des forêts russes. L’Empire du Milieu reçoit toujours plus de la moitié des exportations russes, même si celles-ci ont baissé l’année dernière de 7 % en raison du ralentissement de l’économie chinoise.
Tension sur l’approvisionnement en chêne
En 2022, avant le déclenchement de la guerre, la Russie avait par ailleurs interdit l’exportation de grumes pour valoriser la transformation industrielle locale. La Chine a donc dû réduire ses importations de grumes de chêne : de 200 000 m³ en 2021, elles sont passées à 1 000 m³ en 2022. Une partie des besoins chinois s’est donc reportée sur l’Europe, provoquant une tension particulière sur les prix, d’autant que la production de chêne n’est pas capable de répondre à la demande mondiale.
« Même pression constatée sur le douglas, un pin aux propriétés mécaniques remarquables dont les prix sont particulièrement soutenus », explique Eric Toppan directeur général adjoint de Fransylva qui représente les propriétaires forestiers privés français. Malgré ces tensions, les hausses constatées l'année dernière pour les bois de construction aux États-Unis ou dans certains pays européens, se sont globalement dissipées ces derniers mois.
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