Chronique des matières premières

Côte d'Ivoire: pour la filière anacarde, les usines de transformation peinent à percer

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En Côte d’Ivoire, le prix bord champ de l’anacarde a été fixé à 315 francs CFA/kg. En ce début de campagne, la fixation du prix marque le tempo. Le gouvernement mise sur la transformation locale de ce produit : en 2023, la Côte d’Ivoire entend produire 1 million de tonnes de noix brutes de cajou, dont 300 000 transformées sur place. À terme, d'ici à 2026, le pays voudrait transformer la moitié de sa production sur place. Objectif trop ambitieux ? Pour l’heure, 10% seulement de la production est transformée localement : l’essentiel est voué à l’exportation. Et plusieurs usines ivoiriennes traversent des difficultés.  

Le tri de la noix de cajou dans une entreprise de décorticage de la noix. La Côte d'Ivoire est le premier producteur et exportateur mondial de noix brute de cajou avec une production de 950,000 tonnes en 2022. (Image d'illustration)
Le tri de la noix de cajou dans une entreprise de décorticage de la noix. La Côte d'Ivoire est le premier producteur et exportateur mondial de noix brute de cajou avec une production de 950,000 tonnes en 2022. (Image d'illustration) AFP/GEORGES GOBET
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Mi-janvier, le groupement des transformateurs de Côte d'Ivoire (le GTCI) a écrit aux autorités pour leur demander de maintenir leur subvention, au risque de faire faillite. Il s’agit d’une aide à l’achat de 2,5 milliards FCFA et d’un prêt de 9 mois contre le nantissement du produit d’une valeur de 6,5 milliards francs CFA… le GTCI affirme avoir des difficultés à accéder au marché : étrangères : 

« Les exportateurs asiatiques surpaient la matière première afin de rafler tout le produit pour alimenter les usines installées dans leurs pays, privant ainsi les usines ivoiriennes de noix brutes », explique le GTCI. 

Cette organisation indexe aussi les coûts de productions « plus élevés », selon elle en Côte d’Ivoire : en ligne de mire, notamment, le coût de l’électricité et de l’équipement industriel. Ces entreprises estiment qu’elles ne font pas le poids face aux concurrents asiatiques : plus expérimentés, ces derniers sont subventionnés par leurs pays… et bénéficient d’un personnel qualifié et d’un accès à des outils performants. Résultat, les entreprises locales ne peuvent suivre la cadence : l’année dernière, 8 usines sur les 20, que compte le pays, ont dû fermer.

Un gouvernement qui encourage la création d'unités locales de transformation

Pourtant, ces dernières années, le gouvernement multiplie les mesures fiscales et financières pour encourager la création de nouvelles unités locales de transformation. Des zones dédiées à la noix de cajou ont même été aménagées.  

« Nous sommes conscients qu’il y a des préoccupations concernant le fonds de roulement pour l’achat de matière première », indique Amadou Coulibaly, le président du Conseil Coton Anacarde. « Par exemple, ces entreprises doivent être en mesure de mobiliser 60 milliards de francs CFA pour acheter 10 000 tonnes d’anacardes… le soutien du gouvernement est donc nécessaire », poursuit ce responsable, qui insiste sur un point : il s’agit de mesures limitées dans le temps. 

Pour l’économiste Salif Koné, la solidité des usines locales dépend aussi du marché domestique, « il faut, préconise-t-il, que le marché domestique soit assez conséquent pour permettre aux usines locales de faire leurs premiers pas ». Or la demande est encore marginale. Autre solution : former des ressources humaines compétentes pour travailler aux métiers de la transformation de l’anacarde.

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