Prix du riz: un scénario sombre pour 2023
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La demande en riz ne cesse d’augmenter. En face les quantités libérées par les pays producteurs pour l’exportation se réduisent. Résultat, depuis quatre mois, les prix grimpent sur le marché mondial et l’horizon ne semble pas s’éclaircir.
Contrairement aux autres matières premières, les cours du riz avaient fait preuve d’une étonnante stabilité au plus fort de la pandémie. Mais depuis le mois de janvier, il y a comme un air de rattrapage sur les marchés. Les prix ne cessent de grimper, indépendamment des évolutions de taux de change et du coût du fret. Au départ des pays exportateurs (prix FOB), ils ont augmenté de 40 à 60 dollars la tonne, assure un négociant. Si la tendance se poursuit, ils pourraient très bientôt devenir problématiques pour les grands importateurs du continent africain.
La fin des bons prix indiens
Cette augmentation qui est partie pour durer, de l’avis de plusieurs experts, est due essentiellement à deux facteurs : la consommation qui continue d’augmenter, et l’instauration par le géant indien du riz de restrictions à l’export l’année dernière, notamment sur les brisures.
Résultat de cette politique, l'Inde devrait mettre 5 millions de tonnes de moins sur le marché mondial cette année, 5 millions « qu'on ne sait pas où trouver », résume un de nos interlocuteurs. L’Inde arrive par ailleurs au bout de son programme de riz subventionné, aussi appelé « riz Covid » par certains opérateurs. Le riz indien à bas prix, c’est donc du passé, et cela participe aussi à la hausse des cours.
Une production mondiale revue à la baisse
Pour ne rien arranger, la Chine n'exporte presque plus de riz ces temps-ci et les données de production mondiale pourraient être décevantes, à en croire la dernière estimation du ministère américain de l’Agriculture dont les analyses de marché mensuelles sont suivies à la loupe. Il faudra compter avec 400 000 tonnes de moins que ce que l’USDA avait estimé le mois dernier pour la campagne 2022/2023. Si cela se confirme, la pression sur les prix sera double, commente un de nos interlocuteurs.
L’addition de tous ces facteurs est de mauvais augure pour Fitch Solutions. L’agence d’information financière anticipe cette année le plus grand déficit en riz depuis 20 ans, soit 8,7 millions de tonnes. « Un déficit d’une magnitude telle qu’il affectera inévitablement les principaux importateurs », confirme à son tour Fitch qui voit d’ici la fin de l’année les prix atteindre leur plus haut depuis dix ans.
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