L'Inde continue d'alimenter les tensions sur le marché du riz
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L'Inde, premier exportateur mondial de riz, multiplie les restrictions à l'exportation. Des mesures qui ont fait grimper les prix tout l'été. Au risque de mettre en difficulté les pays importateurs.

Dans la filière, on ne parle que de l'« Indian Ban », autrement dit l'interdiction d'exportation décidée par les autorités indiennes. Depuis juillet, elle concerne le riz blanc non basmati. Et vient d'être complétée par une taxe à l'exportation sur le riz étuvé – parboiled rice – de 20%, un riz exporté dans de nombreux pays, notamment en Afrique et sur lequel s'étaient reportés certains acheteurs ces dernières semaines. Ces mesures restrictives s'ajoutent à celles déjà imposées il y a un an sur les brisures de riz.
Au vu du poids de l'Inde sur le marché – 40 % des exportations mondiales –, la posture de New Delhi a un impact direct sur les cours. Depuis le début de l'année, ils ne cessent de monter, avec même des hausses de prix de 10 à 20 dollars plusieurs jours d'affilée cet été. Aujourd'hui, les hausses ne sont plus aussi importantes, mais le marché reste toujours tendu.
Cinq millions de tonnes à trouver
En 2023, l'Inde pourrait exporter deux fois moins de riz, et même si la Thaïlande, deuxième exportateur, commercialise quelques millions de tonnes supplémentaires, le manque tournera toujours autour de cinq millions de tonnes.
« La question n'est plus de savoir si un riz est plus compétitif qu'un autre, mais d'où le riz va venir », résume un négociant. L'approvisionnement pourrait devenir particulièrement problématique pour les pays africains qui n'ont pas anticipé leurs achats en début d'année et qui ne peuvent pas compter sur leurs stocks.
La crainte de voir la Birmanie limiter prochainement ses exportations vient compléter un tableau déjà sombre. Même s'il s'agit d'un acteur mineur sur le marché, « les volumes que le pays n'exporterait pas, s'il prenait cette décision, ajouterait de la tension sur les prix », explique Patricio Mendez del Villar, économiste de la filière et auteur de la lettre mensuelle Osiriz, éditée par le Cirad, Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement.
Diplomatie du riz
Face aux restrictions imposées par l'Inde, les négociations bilatérales, de gouvernement à gouvernement, se multiplient. Sur les brisures déjà, l'Inde a assoupli sa position, et a permis à plusieurs pays tels que le Sénégal, de bénéficier de quotas.
Sur le riz blanc non basmati, les autorités indiennes ont annoncé la semaine dernière des quotas d'exportations pour Singapour, le Bhoutan et Maurice. Elles ont aussi reçu la visite de la ministre guinéenne du Commerce, venue plaider la cause de son pays.
En attendant que l'Inde lève totalement ses restrictions, les regards sont tournés vers les prochaines récoltes des principaux exportateurs asiatiques qui débutent cet automne. Elles devraient atténuer la hausse des prix, à condition qu'elles soient à la hauteur de la demande mondiale.
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