Les producteurs européens de vins et spiritueux inquiets face à la bataille des taxes
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Des tensions géopolitiques et la perspective d'une guerre commerciale entre les États-Unis, l'Union européenne et la Chine chahutent les marchés des vins et spiritueux. Le repli des exportations européennes atteste de cette tendance.

S'il reste le troisième poste excédentaire de la balance commerciale de la France, après l'aérospatial et les cosmétiques, le secteur des vins et spiritueux voit ses ventes à l'étranger chuter pour la deuxième année consécutive, a indiqué Gabriel Picard, président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France, à l'occasion du salon Wine Paris, qui vient de s'achever. Les exportations de vins, champagnes, cognacs et autres alcools français ont totalisé 15,6 milliards d'euros en 2024, soit une baisse de 4% en valeur.
Le marché américain attentiste
Le premier marché à l'international des producteurs français, celui des États-Unis, retrouve lui des couleurs, avec une hausse des ventes de 5%. Mais ces bons résultats s'expliquent par l'anticipation de l'arrivée de Donald Trump au pouvoir. Les importateurs américains ont augmenté leurs commandes pour limiter l'impact du retour de possibles taxes douanières. L'Italie et l'Espagne, respectivement premier et troisième producteur de vins dans le monde, ont aussi profité de cette tendance. Cependant, ces deux pays sont en perte de vitesse sur ce marché, où ils craignent d'être remplacés par leurs concurrents argentins et chiliens.
Pékin mène une enquête
En Chine, l'environnement est aussi de plus en plus tendu. Le marché chinois n'est plus un eldorado pour les eaux-de-vie européennes en raison d'une enquête anti-dumping déclenchée par Pékin en 2024. Qu'il s'agisse de la Chine ou des États-Unis, les perspectives s'assombrissent. La filière attend des dirigeants européens une prise de parole maîtrisée mais efficace. « Or, cela n'a pas toujours été le cas », selon Gabriel Picard. Carlos Martín, responsable économique du gouvernement de la Castille-et-León, en Espagne, partage cette opinion : « On ne peut pas rogner sur nos marges éternellement. »
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L'unité européenne dans l'étau des taxes
Les menaces douanières, qu'elles viennent de Washington ou de Pékin, pourraient également créer des points de discorde entre les Européens, alerte l'économiste Philippe Dessertine. Selon lui, les politiques trumpiste et chinoise sont de nature à alimenter les tensions entre les États membres de l'Union européenne, les intérêts pouvant différer en fonction des secteurs de l'économie qui sont taxés.
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