Les prix de l'huile de palme soutenus par un secteur en pleine transition
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Tous les marqueurs de l'huile de palme sont à la baisse en Malaisie, le deuxième producteur mondial : baisse de la production, baisse des stocks, et baisse des exportations. Cette tension tire les prix vers le haut et fait l'affaire des autres huiles sur le marché.

C'est un indicateur qui dit souvent beaucoup, les stocks d'huile de palme en Malaisie ont baissé pour le quatrième mois consécutif. En janvier, ils sont tombés à un plus bas depuis 2021 et ce n'est pas la production actuelle qui va relever les niveaux : elle a baissé de 17 % le mois dernier. La récolte est toujours plus faible à cette période de l'année, mais la baisse s'est accentuée en raison des pluies torrentielles de ces derniers mois qui ont touché d'importantes zones de culture et ont empêché les travailleurs d'accéder aux plantations.
À ces événements climatiques s'ajoute une baisse plus structurelle de la production faute de renouvellement assez rapide des plantations, explique Nicolas Turnbull, entrepreneur en agriculture tropicale. En Asie du Sud-Est, 3 millions d'hectares au moins ont plus de 25 ans. Des arbres trop vieux, « ça veut dire des arbres qui ont passé leur pic de production et dont la taille rend la récolte compliquée », ajoute l'expert.
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+ 9% en deux semaines à la Bourse de Kuala Lumpur
Ce cocktail stocks et production en baisse, tire les prix à la hausse : les contrats d'achat d'huile de palme malaisienne, pour une livraison au mois d'avril, ont grimpé de près de 9 % en deux semaines à la Bourse de Kuala Lumpur. Ils sont entretenus également par l'augmentation de la consommation liée au Nouvel An chinois, et celle qui est attendue avec l'arrivée du ramadan, à la fin du mois.
L'autre facteur qui va probablement encore peser sur la durée, c'est la nouvelle stratégie du numéro 1 mondial, l'Indonésie, qui prévoit de réserver plus de volumes à son secteur énergétique. Le pays mise désormais sur le B40, un biodiesel qui, depuis le 1ᵉʳ janvier, doit comprendre 40 % de biocarburant à base d'huile de palme, contre 35% jusque-là. C'est énorme dans l'absolu, et 5 % de plus, cela représente presque 2 millions de tonnes d'huile de palme qui ne sont plus mises sur le marché.
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Acheter pour se prémunir d'une hausse
« Ce ne sont pas les volumes de production que l'on regarde, mais la demande qui a changé », assure Antoine de Gasquet président de Baillon-Intercor société de négoce spécialisée dans le marché des huiles. Et dans cette perspective d'augmentation de la demande domestique dans plusieurs pays asiatiques, les traders se seraient mis à acheter plus de contrats à terme, dans l'espoir de se prémunir d'une hausse qui pourrait durer. Une pratique qui alimente un peu plus la tension.
Indirectement, les autres huiles en profitent. Cela fait déjà plusieurs mois que l'huile de palme, réputée très bon marché, est devenue plus chère que l'huile de soja aux États-Unis rappelle Antoine de Gasquet. En Europe, l'huile de palme raffinée est aussi plus chère que l'huile de colza raffinée. « Nous vivons une situation assez inhabituelle sur le marché », résume un de nos interlocuteurs.
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