Le Pakistan se rêve en futur hub du commerce de produits agricoles
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Le Pakistan, futur carrefour agricole mondial ? C'est en tout cas le rêve qu'entretiennent les décideurs pakistanais. Quelle agriculture pour demain dans un pays soumis à la pression du changement climatique et quelle place dans la sous-région peut jouer le voisin du géant indien ? Des questions posées par le nouveau rapport Demeter 2025 sur les enjeux agricoles mondiaux qui vient de paraître.

2050, c'est demain ou presque, ce qui a motivé l'équipe du rapport Demeter à se pencher sur les mutations de l'agriculture dans les 25 années qui viennent. Mutations possibles, attendues ou rêvées par les États eux-mêmes et en particulier par le Pakistan, pays auquel le rapport consacre un chapitre.
Huitième puissance agricole mondiale, le pays exporte essentiellement du riz – 5,2 millions de tonnes en 2024 –, et du coton et importe en quantité huile de palme et soja, pour ne citer que deux produits. Malgré une agriculture diversifiée – on trouve du blé, du maïs et du sucre, par exemple – et des niveaux de production agricoles importants, le Pakistan reste confronté à une insécurité alimentaire de plus en plus forte. D'où la volonté des autorités de développer une agriculture plus numérique et technologique. Une agriculture qui serait plus « intelligente » face au climat, comme l'explique un des co-auteurs, Matthieu Brun, directeur scientifique de la Fondation FARM, chercheur associé au laboratoire Les Afriques dans le monde de Sciences Po Bordeaux.
De la tradition à l'innovation
Pour mettre en œuvre leur approche « techno-solutionniste », pour reprendre l'expression des auteurs, les décideurs du pays ont ouvert depuis les années 2000 leur secteur agricole aux investisseurs étrangers, ceux du Golfe en particulier. Tout en multipliant les incitations fiscales et le développement de zones économiques spéciales.
La modernisation de l'agriculture est désormais poussée par un organisme – le Conseil de facilitation des investissements spéciaux – qui affiche un objectif clair « passer de la tradition à l'innovation ». Le projet type donné en exemple est celui de la construction de fermes laitières géantes de plusieurs dizaines milliers de vaches.
Une vaste majorité de petites exploitations
Si près de la moitié des terres arables sont aujourd'hui détenues par 2% des propriétaires fonciers qui ont un accès aux intrants et aux subventions gouvernementales privilégié, expliquent les auteurs du rapport, 80% des fermes restent des exploitations de petite taille ou de taille moyenne. Ce qui veut dire que, dans le schéma de modernisation mis en avant, l'avenir de millions d'agriculteurs qui sont à leur tête reste flou.
Cette transformation du secteur s'accompagne par ailleurs d'une volonté plus large du Pakistan de se distinguer en tant que futur hub agricole. Le voisin du géant indien se rêve en effet comme un point de transit majeur, grâce au développement d'infrastructures portuaires et en particulier celles du port de Gwadar. Le pays s'appuie sur un atout de taille, à savoir sa position stratégique au croisement des routes de l'Asie du Sud, de l'Asie centrale et du Moyen-Orient.
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