L'Inde et le secteur du diamant pris dans la tourmente des taxes américaines
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Plus de 80% des diamants bruts sont aujourd'hui polis en Inde, pays qui n'est pas épargné par la nouvelle politique douanière américaine. Avec les nouvelles taxes qui s'imposent, toute une filière est plongée dans l'inconnu, de la compagnie minière au bijoutier.

Les produits indiens sont désormais taxés à 27% pour entrer sur le sol américain. Cette mesure concerne aussi les diamants qui sont taillés en Inde, car même s'ils ne sont que polis dans le pays, au regard des douanes américaines, la transformation est suffisante pour que leur origine devienne en quelque sorte indienne.
D'autres pierres taillées en Inde entrent aux États-Unis simplement pour y être analysées et certifiées avant d'être réexpédiées à leur diamantaire et vendues sur un autre marché. Le laboratoire le plus réputé en la matière est le Gemological Institute of America. Et même ces pierres-là, qui ne sont pas destinées à être vendues sur le sol américain, sont soumises aux taxes. Mais comme la règlementation n'est pas encore très claire, le centre d'expertise a écrit début avril aux diamantaires étrangers pour leur conseiller de ne plus envoyer de pierres à analyser, le temps que la situation se décante.
Des milliers d'emplois menacés en Inde
Le diamant est le troisième produit d'exportation de l'Inde vers les États-Unis. À court terme, les pertes d'emploi sont inévitables, estime le président de l'Indian Diamond Institute, basé à Surate, la capitale indienne de cette industrie dans laquelle a été inaugurée une bourse au diamant en 2023. L'Inde espère neutraliser ces nouvelles taxes. Les autorités n'ont, pour l'instant, pas pris de mesure de rétorsion. Elles privilégient la négociation d'un accord commercial bilatéral, accord qui pourrait être conclu d'ici à quelques mois.
Une filière inquiète
À chaque étape, de l'extraction à la vente des diamants, c'est l'inconnu qui prévaut. À l'instar de cette mesure prise par un opérateur minier, qui vient d'annoncer, lundi 7 avril, l'annulation d'une vente aux enchères qui arrivait à échéance cette semaine. Annulation jusqu'à nouvel ordre, face aux « incertitudes » du moment, écrit-il dans une lettre à ses clients.
Les États-Unis achètent la moitié des diamants vendus dans le monde, et c'est grâce à eux que la consommation avait redécollé avant les fêtes de Noël. Si les Américains s'offrent moins de pierres précieuses, on pourrait voir des compagnies minières du Botswana, ou de Namibie peut-être, lever le pied et moins produire, pour ne pas inonder le marché et risquer de faire chuter les prix. Aucun pays ne pourra, par sa demande en diamants, compenser une éventuelle paralysie du marché américain. Et ce d'autant que les acheteurs qui ont les moyens d'offrir des diamants sont aussi souvent ceux qui ont investi dans les marchés financiers et qui sont aujourd'hui très inquiets de la situation économique mondiale, relève un expert de la filière.
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