Chronique des matières premières

Flambée des prix: la Chine puise dans ses réserves de porc

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À deux semaines du Congrès du Parti communiste chinois, la Chine fait tout pour faire baisser le prix du porc, denrée stratégique dans le pays. Depuis plusieurs semaines, le pays met des stocks de viande sur le marché.

Des jeunes cochons dans une ferme chinoise.
Des jeunes cochons dans une ferme chinoise. © Giulia Marchi - Bloomberg Creative / Getty Images
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La Chine est connue pour sa politique de stockage des denrées stratégiques. Le porc en est une, et le pays possède donc aussi des réserves de porc congelé qui sont activées par l'État dès qu'un seuil critique est identifié.  Difficile de connaître le volume exact de ce stock, mais, selon les chiffres officiels, 200 000 tonnes de viande ont été libérés au mois de septembre, soit à peine plus d'un jour de consommation. Cela n'a donc pas suffi à faire baisser les prix. D'où l'annonce vendredi dernier (30 septembre) de nouveaux déstockages. « À l'approche du Congrès du Parti communiste mi-octobre, rappelle un expert, la Chine a besoin de montrer que le pays est en bonne santé, que les approvisionnements en porc sont bons et que les prix sont stables. Elle remet donc des volumes sur le marché, comme elle l'avait déjà en 2019 avant le 70e anniversaire du parti communiste chinois » explique un expert de la filière. 

Des prix révélateurs d'un marché tendu 

Comme partout dans le monde, les prix du porc ont grimpé en Chine ces derniers mois. Le pays subit l'envolée des cours de l'alimentation bétail qui constitue 60 % du prix d'un animal. « Avant d'arriver à l'abattoir, un porc chinois coûtait 4,20 euros le kilo à la fin de l'été, contre 2,70 euros il y a un an », précise Elisa Husson, agro-économiste à l’Institut du porc, soit à peu près ce que valait un porc avant l'épidémie de peste porcine de 2018/2019.

Mais le contexte est différent, et le recours au stock, annoncé par l'agence de planification économique chinoise (NDRC), est le signe d'un marché tendu, selon Jean-Paul Simier, spécialiste des marchés agricoles. Signe qu’au-delà des coûts de production qui ont augmenté, l’offre est aussi restreinte, contrairement à ce que laissaient croire les déclarations sur la reconstitution du cheptel, et la production repartie à la hausse.

La Chine est durablement acheteuse de viande

La Chine a certes très peu acheté au premier semestre, - les importations de viandes européennes ont baissé de 60%  par rapport à l'année dernière - mais elle est structurellement acheteuse, car de plus en plus consommatrice de viande et de produits laitiers, rappelle l'économiste. Il manque chaque année entre cinq et six millions de tonnes de viande dans le pays, dont environ 3 millions de tonnes de porc. « La Chine fait et défait toujours le marché du porc » ajoute notre interlocuteur, même si ses importations sont cycliques, au gré de la production intérieure ou de la situation politique. Si la Chine repartait aux achats, les prix à l'international déjà élevés pourraient encore grimper. L'institut du porc ne voit pas de relâchement sur le marché avant la fin de l'année.

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