Chronique des matières premières

Hélium: un marché de plus en plus stratégique

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L'hélium a rejoint en 2023 la liste des ressources critiques désignées par l'Union européenne, après en avoir été écartée en 2020. Signe des tensions grandissantes sur ce marché de plus en plus stratégique.

Depuis 2012 les stocks américains d'hélium qui constituaient 70 % de l'offre mondiale et qui ont nourri le marché à un prix artificiellement bas pendant 4 décennies, ont nettement baissé.
Depuis 2012 les stocks américains d'hélium qui constituaient 70 % de l'offre mondiale et qui ont nourri le marché à un prix artificiellement bas pendant 4 décennies, ont nettement baissé. © Getty Images/iStock/scanrail
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Les prix de l’hélium témoignent à eux seuls de la tension croissante : ils ont été multipliés par 5 en 5 ans et quasiment par deux cette année. « Plus personne ne croit à un hélium pas cher » résume le président de 45-8 Energy, une start-up française dont l’objectif est de produire 12 % des besoins européens d'ici à la fin de la décennie. Ce patron raconte avoir lancé sa société avec un business plan basé sur de l’hélium à 5 euros le m3, alors que la même qualité en vaut aujourd’hui entre 25 et 30.

Inquiétude sur l’offre, plus que sur la demande

Depuis 2012, les stocks américains d’hélium qui constituaient 70 % de l’offre mondiale et qui ont nourri le marché à un prix artificiellement bas pendant quatre décennies, ont nettement baissé. Depuis, le marché enchaîne les périodes de pénurie au moindre soubresaut politique, avec à chaque fois des prix qui s’envolent.

La demande est en revanche en plein essor dans l’électronique de pointe, car plus les semi-conducteurs sont high-tech, plus ils ont besoin d’hélium. Ce secteur absorbait 1 % des besoins en 2010 alors qu’aujourd’hui, il engloutit plus de 25 % de l’hélium commercialisé.

L’offre n’a pas suivi la même pente. Tous les sites actuellement en production tournent à plein régime, voire sont en perte de vitesse. Les réserves existent, mais c’est leur accès souvent complexe qui limite l’offre en hélium.

La répartition de l’hélium et le décalage entre zone de production et zone de consommation sur la planète sont un autre facteur de tension : sur la trentaine de sites de production, une vingtaine se trouve aux États-Unis, premier producteur mondial. En Europe de l’Ouest, tout l’hélium est à l’inverse importé, les deux premiers fournisseurs étant le Qatar et l’Algérie.

Stockage complexe 

À cela, il faut ajouter les difficultés logistiques qui compromettent la production dans des sites très isolés - c’est le cas en Tanzanie : l’hélium doit être liquéfié à -269 °C pour être transporté et livré en 40 jours maximum pour éviter toute déperdition. Des contraintes qui rendent le stockage difficile chez les industriels également. Résultat, ils privilégient les achats en fonction de leur besoin à court terme.

Ce marché tendu fait craindre à certains industriels d'en manquer et les a poussés à retarder leurs investissements en Europe depuis quelques mois.

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