Uranium, un marché de plus en plus serré
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Rien n'arrête la hausse des prix de l'uranium, toujours tirés vers le haut par la demande croissante : les besoins en uranium pourraient doubler, voire tripler d'ici à 2040.

Pour la première fois depuis 2008, l'uranium a dépassé cette semaine les 83 dollars la livre contre 50 en janvier -prix spot-, pour une vente immédiate. Une envolée des prix entamée il y a un an et demi et qui devrait encore se poursuivre à en croire les analystes de Sprott Asset Management qui voient le seuil de 100 dollars dépassé d'ici un an et demi.
Sur le marché très spécifique de l'uranium, l'équation n'évolue guère : avec 62 réacteurs nucléaires en construction -dont 26 en Chine-, 111 projets à l'étude et plusieurs centrales dont la durée de vie a été prolongée, les besoins vont exploser dans les prochaines années, doubler, voire tripler d'ici à 2040, selon les différents scénarios de l'Association nucléaire mondiale. Alors que de nombreux doutes planent sur la capacité de la filière à pouvoir répondre en temps en heure à cette croissance.
Inquiétude sur l'approvisionnement à moyen terme
Les réserves d'uranium naturel ne manquent pas : les ressources mondiales identifiées s'élèvent à près de 6 millions de tonnes, soit l'équivalent d'un siècle de consommation au rythme actuel, explique un expert de la filière. Mais l'approvisionnement à moyen terme pourrait poser problème : la production issue des mines existantes est appelée à chuter de moitié à partir de 2030, ajoute notre interlocuteur, notamment à cause de l'épuisement des réserves de quatre mines qui représentent un quart de la production mondiale -Cigar Lake au Canada, Four Mile aux États-Unis, Budenovskoye 2 et Central Mynkuduk au Kazakhstan. Et le déclin de ces gisements ne pourra pas être compensé par les projets miniers déjà lancés.
Au-delà de la disponibilité de l'uranium naturel, celle de l'uranium transformé, pourrait aussi devenir problématique. Plusieurs pays ont affiché leur volonté de s'affranchir des usines du russe Rosatom, fournisseur majeur du secteur. Les stocks des industriels et des gouvernements ainsi que les capacités d'enrichissement actuelles sont un atout dans l'immédiat, mais ne suffiront pas sans adaptation des États concernés. Dans le contexte géopolitique incertain qui prévaut, le marché devient de plus en plus serré, d'où l'envolée quasi continue des prix depuis un an et demi.
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