Pétrole: l'Arabie saoudite casse les prix
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L’Arabie saoudite réduira ses prix de 2 dollars le baril pour ses clients asiatiques en février. L’annonce a été faite par le géant Aramco, et interroge sur la stratégie du chef de file de l’Opep.

Multiplier les coupes de production, pour limiter l’offre de pétrole et faire remonter les prix, c’était la discipline à laquelle l’Arabie saoudite se tenait depuis un an et demi. Mais l’annonce du géant saoudien des hydrocarbures, Aramco, de baisser le prix de ses barils à vendus sur le marché asiatique de deux dollars – pour le brut léger « Arab Light » –, va à l’encontre de cette stratégie : « la remise est énorme », fait remarquer un négociant et ne devrait pas laisser les acheteurs indifférents.
Réponse aux dissensions au sein de l’Opep ?
Avec cette offensive tarifaire, le royaume saoudien envoie plusieurs messages : d’abord celui qu’il reste le « big daddy » comme explique un expert, autrement dit le patron, celui qui dicte le marché et fait régner la discipline au sein de l’Opep, une organisation traversée par des dissensions depuis plusieurs mois, certains producteurs ne voulant pas céder aux coupes de production qui leur sont imposées. Ce manque d’unité s’est illustré par le départ de l’Angola en décembre. « L’Arabie saoudite en a assez de faire tout le travail et le montre aujourd’hui », résume un expert cité par l’Agence France-Presse.
Avec cette remise de deux dollars, le chef de file de l’Opep rappelle qu’il peut initier une guerre des prix, même si ce n’est pas dans son intérêt immédiat. Riyad a la capacité de supporter une baisse de ses recettes pétrolières, comme aucun des autres pays producteurs, et c’est ce qui lui donne sa force. Ce n’est pas pour rien qu’on dit, dans le milieu, que les premiers chiffres du prix du baril sont fixés par l’Arabie saoudite, les centimes après la virgule par les autres producteurs, rappelle un de nos interlocuteurs.
Un effet très relatif sur les cours
Cette concession sur les prix est aussi de manière pragmatique un moyen pour le royaume saoudien de défendre ses parts de marchés dans un contexte où la Russie vend désormais la moitié de son pétrole à la Chine. Avec son nouveau prix, le pays se rapproche aussi du prix pratiqué par Dubaï, la référence du marché asiatique, et devient globalement plus compétitif dans un contexte où la demande mondiale en pétrole ralentit : selon les analystes de la banque JP Morgan, elle a augmenté en décembre à un rythme plus faible que celui observé ses neuf derniers mois.
Dès l’annonce de la décision saoudienne, le baril a perdu plusieurs pour cent, mais a repris des couleurs ce mardi, les inquiétudes d’approvisionnement liés au contexte géopolitique semblant avoir pour l’instant repris le dessus.
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