L'intelligence artificielle, simulacre de l’information
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Revenons sur le classement de la liberté de la presse, publié mercredi 3 mai par Reporter sans frontières qui alerte sur « les dangers de l’industrie du simulacre ».

Ce que RSF appelle l’industrie du simulacre, ce sont d’abord ces campagnes de propagande massive qui peuvent être associées à de la désinformation sur mesure, en fonction d’un profilage sur les réseaux sociaux. Cela concerne les deux tiers des 118 pays évalués par le classement.
De faux clichés générés par l'IA
« La différence s’estompe entre le vrai et le faux, le réel et l’artificiel, les faits et les artefacts, mettant en péril le droit à l’information », écrit l’ONG qui s’inquiète à la fois de la confiscation d’un canal comme Twitter par Elon Musk et du développement de l’intelligence artificielle dite générative, version ChatGPT ou Midjourney. La cinquième version de cette IA d’images en HD apparaît tellement vraisemblable qu’elle en est « indétectable » selon RSF, au moins pour un œil non averti. Emmanuel Kessler, le directeur de Capital, s’est amusé à interviewer son double en IA, et c’est assez bluffant pour ce qui est de l’utilisation de son image.
On imagine déjà les vidéos qui peuvent être faites avec des protagonistes réels embarqués dans des propos ou des situations imaginaires. On a déjà vu des clichés fallacieux d’Emmanuel Macron dans une manifestation, de Donald Trump mis à terre et arrêté par des policiers ou de Julian Assange dans un état végétatif. Il faudra compter demain avec des manipulations en images qui, si elles ne sont pas immédiatement décodées, provoqueront des violences.
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Une guerre de propagande
Les faits eux-mêmes deviennent un paramètre modélisable. Selon une étude NewsGuard, on compte déjà 49 sites d’actualité et d’info qui sont presque entièrement écrits par des logiciels d’intelligence artificielle. Une façon de renouveler le genre de la ferme de contenus où excellent la Russie et ses satellites. La Russie qui passe à 164ᵉ place des pays dans le classement de la liberté de la presse, soit encore neuf places en moins…. Sa guerre de propagande se fait avec des radios en ukrainien se donnant l’apparence d’être aux mains de l’Ukraine, en territoire conquis, mais aussi avec des peines de prison très lourdes en Russie contre les informations libres et les médias indépendants.
La Biélorussie, son allié, a profité de la Journée internationale de la liberté de la presse, le 3 mai, pour saluer cet événement avec un autre faux semblant : Roman Protassevitch, ce journaliste qui avait été arrêté à la suite de l’interception de son avion en vol, a été condamné à huit ans de prison pour… 1 586 crimes. Il a été contraint de se renier publiquement au point de dénigrer ses anciens collègues du site Sexta, ou de dire du bien du président Loukachenko dans les médias officiels. Simulacre ou acre simulation.
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