Sécurité routière: Jean Todt, un pilote pour l'Afrique
Publié le :
Quel est le point commun entre le footballeur Didier Drogba et une route africaine ? Réponse, la sécurité routière des pays en développement ! Un sujet dont on parle peu. Pourtant, les accidents de la route y sont la première cause de mortalité des jeunes de 5 à 29 ans. Le pilote Jean Todt, ancien champion du monde de Formule 1, vainqueur de 5 Paris Dakar, publie un livre soutenu par des vedettes du monde entier. Son livre combat, « Des millions de vies à sauver sur les routes du monde », est édité chez Débats Publics. Cet ambassadeur de l'ONU pour la sécurité routière a reçu Marina Mielczarek à Paris.

L’Afrique prend une grande place dans le cœur et dans l’ouvrage de Jean Todt. Les premières lignes y font d’ailleurs référence, au même titre que l’Asie du Sud-Est et l’Amérique latine. Entre 5 et 29 ans, les jeunes y meurent plus d’accidents routiers que de tout autre fléau.
Didier Drogba, Raphaël Nadal ou encore Pharrel William
Rien de plus efficace que les idoles pour toucher la jeunesse. Les footballeurs Didier Drogba, Antoine Griezmann ont signé des messages de prévention pour les écoles de 90 pays du monde entier.
Sous leurs portraits, des messages simples : allumer ses phares, ralentir devant les établissements scolaires… Parmi les autres sportifs, le pilote Fernando Alonzo, le tennisman Raphaël Nadal ou encore le coureur de fond Haile Gebrselassie. Côté people, Pharrel William a pris la pose, de profil en casquette américaine avec cette légende : « Do not text and drive » (Pas de texto au volant !)
L’ONU engagée
Le livre de Jean Todt, Des millions de vies à sauver sur les routes du monde, s’ouvre sur une photographie, la poignée de main de l’auteur, ancien champion de Formule 1 et du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Une collaboration qui dure puisque Jean Todt est depuis 2015 l’Envoyé spécial mondial pour la sécurité routière.
Entretien exclusif autour du livre : Des millions de vie à sauver… sur les routes du monde, paru aux éditions Débats Publics.
RFI : Jean Todt, vous dîtes que les solutions existent. Quelles sont-elles ?
Jean Todt : Oui, en effet, l’éducation fait tout. Apprendre à attacher la ceinture de sécurité, porter un casque en moto ou mobylette. Ne pas boire au volant. Ne pas téléphoner. Et puis il y a aussi la qualité des routes, la qualité des voitures et l’organisation des secours après un accident.
C’est toujours plus facile à dire qu’à faire ! Vous encouragez les pays à améliorer la qualité des routes et des autocars de transport...
C’est bien pour cela qu’il faut une volonté politique derrière pour faire appliquer les lois. Rappelez-vous, dans des pays comme la France, la sécurité routière n’est pas venue rapidement, d’un simple coup de baguette magique. Les ministres ont dû batailler mais au final, les accidents de la route ont été divisés par 5. Pourquoi les pays en développement d’Afrique n’y arriveraient-ils pas ?
Lors de votre tournée africaine, quels gouvernements avez-vous rencontré ?
Les responsables kényans et égyptiens m’ont exposé leur volonté de s’engager. Mais je le répète, c’est mon rôle d’ambassadeur de l’ONU, rien ne se fera sans la volonté politique de faire appliquer les lois de la sécurité routière. L'une des premières choses à faire est d'enregistrer le nombre d'accidents. À partir de registres, on se donne des objectifs et des dates précises.
L’enjeu, dîtes-vous dans votre livre, est aussi de réduire les véhicules poubelles, de mauvaise qualité qui sont un vrai danger sur les routes...
Parfaitement. Lorsque nos vieilles voitures européennes sont bonnes pour la casse, elles arrivent en Afrique et cette mauvaise qualité provoque des pannes ou des fonctions qui ne marchent plus, comme les phares ou des portières mal fixées. Tout cela participe à faire des morts et des blessés.
En dehors des conducteurs, vous insistez aussi sur l’éducation des piétons...
En 2030, si nous arrivons à faire appliquer ses règles simples, nous réduirons de 50 % les accidents dans le monde et bien entendu en Afrique. Parler dans les écoles ne suffit pas. Aujourd’hui, nous avons besoin de vous, les médias pour faire passer le message. Chaque jour des milliers de jeunes sont percutés sur des routes en ville ou dans les zones reculées. Cela aussi, il faut le dire et en être conscient.
L'autre point important, pour finir, est l'aspect financier : les accidents coûtent cher aux pays...
Oui, ils ne s'en rendent pas toujours compte. Les accidents de la route leur font perdre de l'argent. Des jeunes adultes meurent ou alors restent blessés à vie. C'est la force vive du pays qui diminue. C'est l'économie, avec des frais de santé très importants, qui est touchée.
► Consulter le site de la Fédération Internationale de l’Automobile
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne