J-B Djebbari (ministre français des Transports): «L'avion décarboné est déjà une réalité»
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Vanté par Emmanuel Macron, l'hydrogène s'invite lundi 18 octobre 2021 à Paris. Les experts de la filière hydrogène se retrouveront au ministère de l'Économie et des Finances pour la Conférence nationale hydrogène renouvelable. Ce combustible – moins polluant que les carburants traditionnels – s'est vu doté d'une enveloppe de 7 milliards d'euros dans le plan France 2030 que le président Macron vient d'annoncer. C'est l'un de ses ministres, ancien pilote de jet et passionné d'avions, qui croit le plus aux transports à hydrogène. Et tout particulièrement à l'aviation : Jean-Baptiste Djebbari, ministre français chargé des Transports, est interrogé par Marina Mielczarek.
RFI : Monsieur le ministre, vous dîtes qu'avec l'hydrogène, les choses avancent plus vite que vous et même que le monde n'auraient cru avant la crise sanitaire ?
Jean-Baptiste Djebbari : Absolument oui ! La pandémie a accéléré la volonté de l'Europe. On le voit dans l'aviation et aussi dans l'automobile. Aujourd'hui, on expérimente des avions hybrides, des avions électriques, des avions à hydrogène.
La France et l'Europe ont décidé d'un plan hydrogène avec d'autres carburants renouvelables. Mais tous restent très chers.
Vous avez raison, c'est pour cela qu'il faut soutenir la recherche pour faire baisser les coûts.
Comment baisser le prix des carburants moins polluants qui sont 3 à 10 fois plus chers que le fuel traditionnel ?
La filière a beaucoup d'options : la réutiliser les huiles consommées (restaurants, friteuses de cuisine...), on peut en mélanger jusqu'à 50% dans les carburants existants. Mais ils sont 3 fois plus chers. Il y a aussi des biocarburants à base de bois et de déchets végétaux et forestiers fermentés. Ceux là sont 5 fois plus chers. Quant aux carburants synthétiques, à base d'hydrogène et de CO2 recombinés, ils sont 10 fois pus chers.
Vous dîtes que faire voler un avion à l'hydrogène on sait faire, mais que l'enjeu est d'en faire voler des centaines !
Oui, il faut industrialiser ! La technologie existe déjà à petite échelle. Je le répète, le premier avion à hydrogène a volé en 1988. C'était un appareil russe, le Tupolev 155. On sait aujourd'hui faire voler des fusées à l'hydrogène.
Depuis deux ans, les industriels pétroliers ont pris conscience de l'enjeu. Comment les persuader d'intensifie leur collaboration avec les constructeurs ?
Pour faire baisser les prix, il faut trois choses. Que la France et l'Europe donnent de la visibilité. Que la production soit massive. Et que le prix du carbone soit suffisamment élevé pour que le secteur soit incité à utiliser des carburants propres.
Outre les biocarburants, les avionneurs disent qu'ils faudrait à l'échelle mondiale remplacer les appareils trop vieux, comme il en existe aux USA et sur le continent africain.
Oui ! C'est pour cela que la France table sur un investissement croisé entre le privé et les pouvoirs publics pour une coopération de co-développement. Mais pour en revenir aux biocarburants, les idées fourmillent avec des projets adaptés aux ressources locales. Prenez l'exemple des Émirats-Unis où il y du biocarburant à base de salicornes.
Les statistiques du secteur aéroportuaire prévoient une forte croissance des vols notamment en Asie du sud-est et en Afrique.
C'est bien pour cela qu'il faut que nous arrivions à notre objectif de décarboner le transport aérien. L'Europe veut atteindre la neutralité carbone en 2050. En parallèle des biocarburants, il existe d'autres moyens d'économiser l'énergie : la réduction des routes du ciel entre deux destinations ; l'écopilotage des pilotes sur le tarmac et en plein vol, ou encore l'électrification aux abords des portes d'aéroports pour remplacer l'usage du carburant par le branchement électrique.
On vous sent passionné et enthousiasmé par le sujet !
Comment ne pas l'être ! Ce sont autant de défis pour notre jeunesse étudiante et entrepreneuriale qui a envie de s'investir pour y réussir !
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