Chronique transports

Aéronautique: Jean Botti, l'ingénieur tout électrique

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Élu ingénieur de l'année ! Une carrière aux États-Unis mais aussi en France à la tête de l'innovation d'Airbus, l'avionneur européen. Aujourd'hui, Jean Botti préside sa propre société, Voltaero. L'Union européenne a reconnu en lui un pionnier de l'aviation électrique. Sa proposition de nouveau transport vaut le détour : Jean Botti veut ressusciter les petits aéroports grâce aux appareils hybrides qu'il a lui-même inventés. Explications avec Marina Mielczarek.  

Des voyageurs embarquant dans un vol Air France, en juillet 2019 (archives). Jean Botti veut ressusciter les petits aéroports grâce aux appareils hybrides qu'il a lui-même inventés.
Des voyageurs embarquant dans un vol Air France, en juillet 2019 (archives). Jean Botti veut ressusciter les petits aéroports grâce aux appareils hybrides qu'il a lui-même inventés. JOEL SAGET / AFP
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RFI : Courtes distances avec petit nombre de passagers. Vos avions ne sont-ils pas en contradiction avec l’époque ? Protection de l’environnement et optimisation des vols ?   

Jean Botti : Au contraire ! Aujourd’hui un Européen doit d’abord voyager en voiture ou en train (240 km aller / retour en moyenne) pour rejoindre les gros aéroports de Paris ou de Londres ou de Berlin. Nous, avec nos avions, nous les prenons à leur porte !  Une source de pollution et un prix ajouté au billet d’avion.  

L’idée est de ressusciter le transport aérien régional ?  

C’est exactement ça. En France par exemple, toutes les infrastructures existent déjà ! 400 aéroports et aérodromes sur tout le territoire. Développer les vols régionaux c’est protéger la nature puisqu’en France comme en Italie ou en Allemagne il est difficile de traverser le pays d’est en ouest rapidement. Il faut toujours changer de trains ou prendre plusieurs routes et autoroutes.  

Vous mettez l’accent sur un point particulier souvent oublié : le bruit.  

C’est crucial ! La France comme l’Union européenne ont d’ailleurs généralisé les réglementations. Tous les habitants d’Europe autour des aéroports se plaignent des nuisances sonores. Nos avions décollent et atterrissent avec le moteur électrique, donc sans bruit.  

Comment fonctionnent vos appareils à hélice ?  

Nous avons une grande aérodynamique grâce à une unique hélice. À partir de 2023, nos avions voleront avec des moteurs hybrides, mi électriques, mi thermiques. Pour moins de 200km, nos batteries électriques suffisent à tout le vol. Au-delà, de 200km à 600km, les pilotes ont la possibilité de recharger les batteries en vol grâce au moteur thermique qui, grâce à son énergie, joue le rôle de chargeur de batteries !  

Si l’Union Européenne vous soutient, ce n’est pas le cas du gouvernement français qui parie plutôt sur l’avion à hydrogène et non pas électrique 

Oui, et je le regrette. Moi, ce que je cherche ce n’est pas de concurrencer les gros avionneurs. Mais les concurrents de la grosse aviation (USA et Chine) mangent déjà tout le marché. La France doit se différencier si elle veut être compétitive. Notre ministre des Transports devrait être plus attentif à cette relance des lignes régionales. L’avion à hydrogène ne sera pas prêt avant 2035, nous, nous avons déjà toute notre flotte. De plus, l'économie française en bénéficiera puisque nous créons des emplois et cela, c'est assez rare pour le souligner.    

Ailleurs en Europe, des pays ont-ils également développé ce genre de transport 

En Europe, les Pays-Bas sont sans doutes les plus avancés. En étant conscients que ces vols régionaux peuvent servir pour les passagers, le transport de marchandises mais aussi le transfert de malades et de médicaments. Imaginez, en période de bouchons sur les routes, les malades peuvent être transportés facilement d’un hôpital à l’autre.  

Les atterrissages peuvent se faire partout, sur les pistes d’aérodromes, sur les pistes de terre... Avec cette possibilité-là, c’est une aviation un peu moins polluante qui conviendrait à l’Afrique ?  

Absolument ! À court terme, nos sollicitations se concentrent sur l’Europe, l’Amérique, avec une forte demande en Asie dans des pays tels que le Japon, la Malaisie, les Philipines... Mais à l'avenir, l'Afrique est un continent où le marché pourrait être porteur. 

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